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Critique de umezzu


Eva est le deuxième épisode de la suite romanesque consacrée par Perez-Reverte à l'agent secret Lorenzo Falco durant la guerre civile espagnole. En interview, Perez-Reverte a souvent dit qu'il adorait les romans-feuilletons comme on les concevait au dix-neuvième siècle. Falco, comme Alastriste précédemment, est de cette veine. Les personnages sont introduits au début, puis on les suit de lieux en lieux, d'aventures en aventures. Entamer la série par ce tome deux serait donc une très mauvaise idée. Les éléments clés de la psychologie de Falco seraient absents. Et il est difficile de comprendre ce qui anime cet agent secret, qui bascule dans le camp nationaliste, non par convictions, mais par fidélité à l'Amiral, le chef de son service d'espionnage. Aventurier avant tout, sans grand scrupules, ancien trafiquant d'armes, collectionneur de conquêtes féminines, tueur à l'occasion, Falco est loin d'être un héros. Avec lui, rien n'est net. Il vit fort et prend tous les risques, sans trop se préoccuper de politique. Sauf quand Eva, une espionne russe, agent du NKVD en zone républicaine, est concernée. Avec elle, Falco perd ses réflexes d'agent secret face au camp d'en face.

Dans ce deuxième épisode, le gouvernement républicain a essayé d'envoyer en Russie le reste du stock d'or de la banque centrale espagnole. Mais le Mount Castle, le cargo qui a chargé l'or, est poursuivi par un destroyer franquiste. Une seule issue : se réfugier dans le port de Tanger, zone neutre, où le navire ne peut séjourner qu'un temps limité. S'il sort du port, la puissance de feu nationaliste va l'envoyer par le fond, et l'or avec. Falco est envoyé à Tanger tenter de récupérer l'or, par tous moyens. Sauf que la responsable de fait du navire républicain est Eva, toujours aussi convaincue par le communisme, version procès de Moscou 1936.

Tanger pendant ces années de guerre civile espagnole est un vrai nid d'espions. Tout le monde est susceptible de trahir son camp. Les accidents malheureux se succèdent. Certains glissent malencontreusement sur des lames de rasoir, d'autres, comme le commissaire politique espagnol à bord du Mount Castle, disparaissent tout simplement… Falco est toujours aussi snob, excessif. S'y ajoute une absence totale de limites : avec ses acolytes, il tue ou torture sans hésitation. Au passage, on apprend un peu sur les débuts de ce méchant garçon aux côtés de Basil Zaharoff, le célèbre marchand d'armes.
Le roman vaut plus par le climat qui s'en dégage que par l'intrigue elle-même. le drame est quasiment annoncé par avance. Les quelques pages sur le respect entre gens de mer (autre thématique habituelle de Perez-Reverte) sont les plus réussies. Les personnages ont leurs raisons d'agir comme ils le font, mais il est difficile d'avoir de l'empathie pour Falco, brutal, violent et fourbe. Et c'est finalement ce qui manque à cette série : un héros positif.
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