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Citations sur L'économie féministe (10)

7. Excipit : « La métamorphose de l'État social engagée au cours des années 1970 pour accompagner l'entrée des femmes dans le salariat reste inachevée car l'égalité des sexes n'a jamais été au cœur d'une refonte de l'articulation entre la famille, le marché et l'État social. La transition vers un autre modèle est plus complexe qu'il n'y paraît. La suppression de certaines protections associées au modèle de Monsieur Gagnepain peut conduire à dégrader la situation économique des femmes si elle n'est pas associée à des politiques volontaristes s'agissant du temps consacré aux personnes dépendantes. Le défi consiste donc à combiner un système de protections sociales et des politiques qui encouragent le partage des tâches dans les couples et qui socialisent le care (via un service public d'accueil de la petite enfance et de prise en charge des personnes âgées dépendantes). Une économie politique féministe est possible à condition de repenser l'ensemble du système fiscal et social pour construire un modèle cohérent, porteur d'émancipation et d'égalité. »
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6. « En mobilisant l'argument de la performance économique pour défendre des politiques d'égalité, on fait la promesse qu'elles seront porteuses d'enrichissement. Le problème est double : les discriminations ne sont pas toujours inefficaces et, lorsqu'elles le sont, la concurrence ne peut pas toujours les éliminer. La lutte contre les discriminations n'est donc pas une question relative à l'allocation optimale des ressources mais relève de leur juste redistribution. Pour mettre en lumière le danger qu'il y a à justifier l'égalité par l'efficacité, il faut prendre au sérieux l'évaluation de la performance que l'on pourrait en tirer. S'il s'avérait que, dans certains cas, les discriminations ne sont pas coûteuses, voire qu'elles produisent un gain, il serait difficile d'écarter d'un revers de la main l'argument de la performance au titre de ce qu'il ne coïncide pas avec nos principes de la justice. » (pp. 196-197)
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5. « Au fur et à mesure, les comportements d'activité des femmes se rapprochent de ceux des hommes : elles ajustent moins leurs décisions professionnelles en fonction du salaire qu'elles peuvent espérer et encore moins en fonction de celui de leur conjoint, mais cette convergence des comportements n'a pas été synonyme d'égalité. Si davantage de femmes travaillent, elles le font plus souvent à temps partiel que leurs aînées : en France, comme dans d'autres pays, les taux d'emploi en équivalent temps plein des femmes nées à la fin des années 1970 sont comparables à ceux des femmes nées à la fin des années 1950. Les écarts de salaire ne se réduisent plus depuis les années 1990. Le modèle de Monsieur Gagnepain a cédé la place à celui de Madame Gagnemiettes. Il ne s'agit pas d'affirmer que toutes les femmes sont des travailleuses pauvres ou précaires, mais de pointer la persistance de ces inégalités socioéconomiques. » (pp. 161-162)
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4. « Dans cette perspective [celle de l'État social keynésien de l'après-guerre], le modèle français organise la division sexuée du travail entre la sphère de la famille et celle du marché : les femmes sont assignées à la première et les hommes à la seconde. Le modèle de Monsieur Gagnepain est perçu comme étant le moteur d'une natalité dynamique indispensable au développement économique mais aussi comme un gage de stabilité de la société car il s'inscrit dans la continuité des valeurs patriarcales conservatrices. L'État social redistribue les richesses et socialise les coûts de cette spécialisation des rôles afin de la rendre accessible à l'ensemble des couples, y compris à ceux des classes populaires, et de limiter la perte de revenu due à la naissance des enfants. Cette redistribution opérée dans le cadre du mariage passe par plusieurs canaux. [1. extension des droits dérivés des cotisations sociales obligatoires à l'épouse et aux enfants ; 2. système des pensions de réversion ; 3. « Allocation de salaire unique » (ASU) versé dès lors que l'épouse ne travaille pas ; 3. allocations familiales – perçues par les familles et ne procurant aucun droit propre à la femme ; 4. système d'impôt sur le revenu des couples par déclaration conjointe (le salaire le plus faible, le plus souvent celui de la femme, est imposé plus lourdement qu'il ne le serait dans un système d'impôt individuel, par contre le quotient conjugal dissuade de l'union libre) ;] » (p. 156 et ss.)
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3. « En s'affirmant féministes, des économistes affichent l'égalité des sexes et la lutte contre les discriminations comme un objectif que l'analyse économique doit prendre en compte. Cette démarche modifie les questions posées et la façon de les poser, mais elle reste rigoureuse et scientifique. Les résultats des travaux menés ne sont pas connus a priori. L'économie féministe ouvre de nouvelles thématiques qui n'auraient pas été traitées par des économistes antiféministes (celles et ceux qui ne sont pas favorables à l'égalité ou qui pensent que les inégalités sont immuables car ancrées dans la biologie) ou a-féministes (celles et ceux qui n'accordent aucune importance à la question de l'égalité). L'approche féministe interroge la pertinence des cadres théoriques qui n'ont pas été pensés pour répondre au défi de l'égalité. Elle stimule les controverses tant sur le plan théorique qu'empirique. » (p. 92)
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2. « La propriété privée n'est pas à l'origine du patriarcat : des sociétés sans classes sociales et sans propriété privée, fondées uniquement sur la domination masculine, ont existé. Le patriarcat se déploie selon plusieurs dimensions : les violences (violences conjugales, féminicides, viols, harcèlement...) dont le mouvement #MeToo a révélé l'ampleur seulement récemment ; la sexualité (est-elle le fondement du contrôle des hommes sur le corps des femmes?) ; les institutions culturelles (comment se construisent les identités genrées au travers de la socialisation par exemple?) ; le mode de production (le travail domestique étant pour la plus grande part réalisé par les femmes) ; le travail rémunéré (relations salariales, discriminations et inégalités sur le marché du travail) ; et enfin le rôle de l'État (les politiques publiques qui organisent l'ordre sexué ou restent insuffisantes pour lutter contre les inégalités entre les sexes). » (p. 74)
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1. « […] La distinction positif/normatif ne justifie pas que les économistes renoncent aux réflexions éthiques (ce qui est bien) et de justice (ce qui est juste). Les présupposés relatifs à l'articulation entre libertés économiques, libertés politiques et égalité façonnent non seulement les questions posées mais aussi les outils permettant d'y répondre. Or ces réflexions sont guidées par l'engagement citoyen auquel s'ajoutent les valeurs politiques et éthiques auxquelles les chercheurs adhèrent. En particulier, les cadres conceptuels classiques n'ont pas été pensés pour répondre à la question féministe, car les économistes qui les ont conçus percevaient les inégalités entre les sexes comme naturelles et souhaitables, en ce qu'elles garantissaient un ordre social et politique, celui du patriarcat, et un ordre économique, celui d'une économie de marché fondée sur la division sexuée du travail. » (p. 29)
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Un salaire familial rétribuant le travail réalisé par les femmes dans la famille figerait la division sexuée des rôles.
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La diversité des cadres d'analyse théorique et empirique est la seule voie pour que l'économie soit une science sociale utile
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Loin d'altérer la dimension scientifique de l'économie, l'économie féministe en renforce la rigueur car elle élargit le champ des controverses et réduit l'emprise des biais sexistes et essentialistes.
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