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Critique de CDemassieux


Loin d'une certaine historiographie, prompte à dresser des portraits selon la rumeur accumulée au fil des siècles, Régine Pernoud, médiéviste émérite décédée en 1998, nous propose une étude sur l'un des personnages les plus fameux et importants du Moyen Âge, hommes et femmes confondus : Aliénor d'Aquitaine.
Deux fois reine – épouse du roi de France Louis VII (avec qui elle prendra la croix, c'est-à-dire qu'elle partira en croisade) puis, une fois ce mariage cassé, Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre – ; mère et grand-mère elle-même de rois et reines, dont les noms sont entrés dans l'imaginaire collectif, même chez ceux que l'Histoire n'intéresse pas.
Qui, en effet, ne connaît pas le bon roi Richard – Coeur de Lion – dont il est question dans Robin des Bois, ainsi que son frère Jean sans Terre, dont la cruauté est devenue légendaire mais qui n'en était pas moins avérée de son vivant ? Il y a aussi cette petite-fille, qu'Aliénor ira chercher en Castille pour la marier au dauphin de France, futur Louis VIII : Blanche de Castille, mère du roi de France sans doute le plus mythique : Louis IX, devenu saint Louis après sa canonisation.
Car la descendance d'Aliénor, par le jeu des mariages, va essaimer dans toute l'Europe. Descendance qui faillit même « coloniser » la famille de Saladin – le tombeur du royaume de Jérusalem, en 1187 –, à travers son frère Al-Adel, à qui il fut un temps question de lui donner pour épouse Jeanne, soeur de Richard Coeur de Lion.
Régine Pernoud nous fait ainsi découvrir une femme déterminée, volontaire, vengeresse – son second mari, Henri II d'Angleterre, en la trompant, en fera les frais – et non moins raffinée : chantée par les troubadours, les poètes, les écrivains de son époque, qui verront en elle une source intarissable d'inspiration et ce, jusqu'à un âge avancé de l'intéressée.
Une femme qui retiendra les enseignements des épreuves plus ou moins terribles ayant jalonné sa vie. Une femme, enfin, dont l'esprit moderne concourra à asseoir son aura : « En général un certain recul est nécessaire pour pouvoir juger clairement d'une époque. Or, il est extraordinaire de constater ici combien cette femme fut présente à son propre temps et de quel oeil critique elle a su en discerner les lignes de force. »
Fin politique, Aliénor, jusqu'à la fin de son existence, tandis qu'elle désirait se retirer pour ses vieux jours dans son abbaye favorite, à Fontevraud – où elle reposera après sa mort –, bataillera pour assurer la stabilité d'un royaume qu'elle aura contribué à façonner aux côtés de son second époux.
Quel destin ! se dit-on en refermant cette rigoureuse et dynamique biographie, dont l'auteur nous rappelle en fin de volume, non sans une certaine ironie, que son sujet n'appartenait pas à une époque obscure, comme on a trop souvent tendance à qualifier le Moyen Âge, « une habitude consacrée par l'usage ». Et d'ajouter : « Lorsqu'on traite, par exemple, de l'Antiquité ou du Grand Siècle, on rapporte sans sourciller les orgies impériales ou les scandales de cour. »
Aliénor, femme de ce Moyen Âge, en fut une des lumières…

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