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Critique de Melpomene125


Pour préserver la paix, jusqu'où peut-on aller ? Jusqu'au meurtre ?
À la veille de la Première Guerre mondiale, John et Alys Reavley sont victimes d'un accident de voiture mortel, le 28 juin 1914, jour de l'assassinat de l'archiduc d'Autriche, François-Ferdinand. Une crise diplomatique sans précédent met l'Europe à deux pas de la guerre et du chaos. Avant de mourir, John, ancien député, a appelé son fils Matthew qui travaille pour les services secrets et vit à Londres. Il lui a annoncé détenir un document capital qui prouverait l'existence d'un complot qui ruinerait l'honneur de l'Angleterre et impliquerait jusqu'à la famille royale. le document est introuvable mais Matthew et son frère Joseph découvrent sur la route les traces d'une herse et d'une corde qui auraient provoqué la mort de leurs parents. La maison a été fouillée. Qu'avait donc appris John Reavley qui puisse justifier son assassinat maquillé en banal accident ?

Avant la tourmente est le premier tome d'une série de cinq romans historiques et policiers consacrés à la Première Guerre mondiale. le premier tome est dédié au capitaine Joseph Reavley, grand-père d'Anne Perry, qui a servi comme aumônier dans les tranchées pendant la Grande Guerre, comme on l'appelait avant qu'il n'y ait la Deuxième Guerre mondiale, qui a réussi l'horrible exploit de dépasser la première dans l'échelle de la barbarie. Les consciences modernes ont alors songé que tenter d'établir une paix durable entre les nations ne serait sans doute pas idiot et permettrait d'éviter la destruction de la planète et, avec elle, celle de l'espèce humaine.

Mais le monde de 1914 est radicalement différent. Anne Perry nous le fait découvrir à travers l'histoire de la sympathique famille Reavley : deux frères, Matthew et Joseph, et deux soeurs : Judith et Hannah. Ils décident d'enquêter sur la mort de leurs parents. Qui en est à l'origine : les indépendantistes irlandais ou des diplomates proches de l'Allemagne qui se servent du noble idéal de la paix pour tenter d'asservir le monde, se le partager en promettant au Royaume-Uni qu'il gardera toutes ses colonies et récupérera même les anciennes : les États-Unis d'Amérique ?

J'ai beaucoup aimé le personnage de Joseph qui se pose sans cesse des questions. Il a été pasteur mais, depuis la mort de sa femme Eleanor, il n'exerce plus son ministère et enseigne à la place les langues bibliques à l'université de Cambridge. Un de ses étudiants, Sebastian Allard, est retrouvé mort d'une balle dans la tête. L'arme a disparu. le jeune homme était perturbé par la possible guerre à venir qui détruirait la beauté de la civilisation. Adulé par sa mère, il avait cependant des zones d'ombres. Il pouvait être arrogant et manipulateur. Il est passé sur la route où les parents de Joseph ont été tués, au moment du meurtre. Avait-il vu le coupable ? Qu'est-il arrivé à ce jeune homme idéaliste et pacifiste ?

Au-delà de l'intrigue policière, ce roman captivant offre une réflexion sur la guerre, la paix, la liberté, l'asservissement, la civilisation, la culture qui unit un peuple. À travers des personnages qui sont soit tourmentés comme Sebastian Allard, soit s'interrogent comme Joseph, Avant la tourmente fait surgir des débats qui seront encore plus présents dans le deuxième tome le Temps des armes, au coeur des tranchées et de la barbarie. Ils m'ont fait réfléchir à notre époque, à l'influence du passé sur la pensée pacifiste moderne. A-t-on réussi à faire disparaître la guerre ? Les horreurs qui se déroulent en Syrie, en Irak notamment témoignent du contraire. Faut-il aider un peuple asservi à retrouver sa liberté ? À quel prix ? Quelles en sont les conséquences ? Comment y faire face ? Qu'en est-il du courage, de la lâcheté ; de l'honneur, de la magnanimité, des plus basses compromissions pour protéger ses intérêts, de la banalité du mal dont parlait Hannah Arendt ? Autant de questions à méditer à partir de ces deux romans sur la Première Guerre mondiale.
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