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Critique de SeelanddeTahiti


Ce sera sans doute la seule critique que je ferai d'un roman d'Anne Perry : non pas qu'ils ne méritent pas d'être critiqués, mais on peut reconnaître en toute honnêteté qu'ils sont tous faits dans le même moule. Ma foi, un moule pas si mauvais que ça ! Parfois un des personnages principaux est davantage mis à contribution dans tel ou tel volume, mais de manière générale, ils fonctionnent toujours selon le même canevas, y compris le premier de la série, bien qu'il y mette en place l'essentiel des personnages principaux.

Le principe mis en oeuvre par l'auteur est simple : un crime se produit dans le milieu aristocrate ou haut-bourgeois de l'Angleterre victorienne, et la découverte du meurtre est l'occasion de faire tomber les masques de la bienséance et de révéler les hypocrisies d'un milieu qui prêche la vertu et la décence en permanence, mais qui une fois les portes closes, est loin d'être un modèle en la matière.

Il y a essentiellement trois personnages principaux : l'inspecteur Thomas Pitt, à l'aspect toujours un peu débraillé, brillant et cultivé, contrairement à l'image toute faite des policiers qu'ont en particulier les gens de la haute société, courageux et empathique ; Charlotte, sa femme, avec qui il a fait un mariage « hors classe », car elle est issue de la haute bourgeoisie, un peu « indomptable », pareillement intelligente et compatissante, la tête brûlée du couple et enfin la soeur de celle-ci, Emily, qui elle, a fait un mariage qui l'a encore élevée dans la société, mais a perdu son mari au cours de l'un des volumes.
Dans celui-ci, le personnage d'Emily est particulièrement mis en avant. L'affaire d'un homme qui travaillait pour le Foreign Office et qui a été soupçonné d'avoir transmis des documents secrets à l'ennemi (en l'occurrence l'Allemagne) revient sur le devant de la scène. Pitt est prié d'enquêter discrètement pour écarter tout soupçon, mais évidemment les femmes de la famille décident de mettre leur grain de sel. Pour la première fois, Emily mène aussi directement l'enquête. Je n'en dirai pas plus.

Maintenant, un petit mot pour dire pourquoi je continue à lire cette série après avoir déjà lu huit volumes. Ce n'est pas pour l'originalité des intrigues, comme on l'aura déjà compris. Mais c'est surtout pour deux raisons : l'intelligence de l'auteur et son passé. La deuxième raison est une mauvaise raison, mais est inextricablement liée à la première. Anne Perry, née Juliet Hulme, a commis pendant son adolescence… un meurtre. Avec sa meilleure amie, sur la personne de la mère de celle-ci. Poussée dans un chemin… Un geste prémédité contre celle qui voulait les séparer, car leur amitié était sans doute un peu trop « passionnelle ». Quoi qu'il en soit, exilée pendant cinq ans et enfermée dans une sorte maison de redressement, ce geste a marqué toute la vie d'Anne Perry. Elle en a tiré son empathie profonde pour le genre humain, et aussi un sens aigu de la révolte contre les injustices. Juliet Hulme n'a pas sombré dans la folie, elle a fait du tragique de sa vie une force intérieure, une capacité de pénétration des tourments humains, ce qui fait toute son intelligence. Souvent l'auteur évoque des questions de société, certes sous l'angle de l'ère victorienne, mais qui trouvent toujours leur écho dans notre époque contemporaine.
Ce serait une erreur de la réduire à une simple « faiseuse » de romans policiers féminins. Elle mérite bien mieux notre estime.
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