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Critique de scaramouche66


La poésie de de Saint John Perse, en particulier ce recueil, est d'un accès complexe de prime abord, de par ces compositions poétiques sibyllines, utilisant la forme du verset, parfois avec une longueur déroutante en se rapprochant de la prose presque classique. Néanmoins, les paragraphes se modulant selon la volonté de l'auteur, ce recueil offre dans sa première partie : éloges, une poésie de la réminiscence de l'enfance du poète, sous les cieux ensoleillés et tropicaux de sa terre natale, la Guadeloupe. Souvenirs égrenés au son d'une prosodie dithyrambique, sur l'amour, la beauté, la nature, la famille, l'art de vivre antillais, terre de douceur, de merveilles, où l'auteur fait revivre un esprit colonial d'antan, mais sans jamais de mépris racial ou social pour ses compatriotes iliens. Au contraire, il exalte dans ses versets une tendresse infinie pour les petites mains qui gravitent et s'occupent de faire vivre cet univers de la bourgeoisie créole, participant au bonheur de ce paradigme idyllique.
La suite du recueil, que ce soit la Gloire des rois, Anabase et exils, marquent une rupture très nette avec le début de l'oeuvre, orientant la poésie de l'auteur vers des horizons de voyages, empreints d'histoires, de lyrisme presque épique, combiné avec une recherche intérieure sur la vocation du poète et son appréhension globale de l'humanité et de l'existence. Dans la dernière partie : exils, l'auteur évoque son départ obligé d'Europe et de la France à cause de la Seconde Guerre mondiale et de ses choix politiques. Douloureux moment, exprimant encore d'une façon de plus en plus quintessenciée, son cheminement personnel compliqué, ce ressenti exacerbé de solitude en tant que poète face au monde et ce besoin impérieux, d'en déchiffrer la signification existentielle et poétique. La poésie de Saint John Perse reste mystérieuse, alambiquée, tellement elle est intime dans son entendement profond, cependant, c'est peut-être pour cette raison, qu'on lui décernera en 1960 le prix Nobel de littérature.
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