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Critique de bdelhausse


L'auteur est assez inconnu en France et en Belgique, traduit très récemment finalement, alors qu'il écrit depuis 1978. Dès lors, le lecteur se retrouve dans la position inconfortable de lire en 2012 (ou plus tard), un roman écrit en 1979... avec tout le décalage que cela implique et le fait que le thriller, le polar, le roman noir a beaucoup évolué depuis lors.

A l'opposé de La Fête du Cochon (dont il constitue une sorte de suite), Leif Persson pose dès le départ le décor comme étant réel, clairement basé sur les faits (par opposition au précédent, que l'auteur positionnait dans l'élucubration...). Ici il incorpore petit à petit les faits réels par le biais de rapports, d'interviews, d'analyses, de confessions... et il alterne le rythme, tour à tour lent, puis accéléré... Il aime jouer avec le lecteur.

Ici, on sombre dans les milieux interlopes et on découvre que les consciences de "bons pères de famille" sont aussi noires que celles de trafiquants notoires. La "victoire" (si tant est que l'on puisse appeler cela ainsi) a souvent un goût amer. Et souvent, elle est accidentelle, ou dépend de l'acharnement d'une seule personne face à l'inertie bureaucratique.

Les profiteurs (prise de position intéressante de Persson), ce sont les proxénètes, les requins de l'immobilier, ceux qui vivent sur le dos des autres... Persson ratisse large.

Il est assez évident que Leif Persson aime distiller des éléments réels, tirés de la vie suédoise, dans ses romans. Il est un criminologue reconnu, il maîtrise la rhétorique de sa profession, il a travaillé sur de grandes affaires. le public nordique, qui le considère comme un mélange De Balzac et d'Ellroy, retrouve dans les détails de ses romans des éléments qu'il connaît, et cela fait la force des romans. le grand thème qui se profile derrière une histoire glauque, perverse et noire, accumulant les faits divers sordides autour de trafics en tous genres, c'est celui d'une société scandinave qui se fissure de toutes parts, la fin du Welfare State à la suédoise. Sans illusion sur la nature humaine, il taille un sacré costume à la police, qui profite de coups de chance pour boucler des enquêtes.

On le positionne comme un héritier de Sjöwall et Wahlöö, dont il reprend ce souci du détail pour les procédures policières (comme chez Ed McBain aussi); mais en les teintant d'un propos nettement plus politique. le cynisme et l'ironie sont omniprésents.

Cela dit, certains passages sont clairement poussifs. Le rythme qui s'accélérait s'écrase d'un seul coup... et on a du mal à reprendre la lecture. Par contre, l'introduction du Narrateur, donc l'auteur, apporte un éclairage neuf à l'enquête en mettant les différentes démarches (entreprises par différents départements de police) en perspective. Les choses n'ont pas vraiment changé... Persson met en lumière les aspects transversaux du crime. Le milieu dans lequel baignent les petites frappes est comme une pieuvre, les tentacules se prolongent partout. Cela a (malheureusement) été mis en évidence lors des enquêtes sur les attentats terroristes de Paris.
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