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Critique de MarianneL


Ce récit, paru en 2010 aux éditions le Chemin de fer et illustré par le peintre Marc Desgrandchamps, est comme une bulle de mots enveloppée de silence.

«C'est un matin de grand silence, comme recouvert comme par une épaisse couche de poussière.»

Un jeune garçon se réveille un matin tardivement dans son appartement, ou pas un bruit ne se fait entendre : le réveil n'a pas sonné, ses parents se sont volatilisés, l'immeuble lui-même semble entièrement vide.

«Ce matin, le monde a une fragilité nouvelle.»

Dans ce silence que presque rien ne vient troubler, l'adolescent développe une nouvelle conscience de son environnement, des horizons entourant son immeuble jusqu'aux détails de son propre corps. Pris entre un sentiment d'abandon pénible mais repoussé aux marges, et la volonté de prolonger ce retrait du monde, il s'immerge dans cette chape insonore, perdant contact avec la réalité.

«L'absence de ses parents, ce matin, contamine toutes ses perceptions. L'appartement est silencieux inodore insensible creux, l'appartement est un trou.»

Flirtant par moments avec l'idée d'une apocalypse ayant éradiqué le genre humain, il tient l'angoisse à distance et se prépare à tenir un siège, et pousse cette situation dans ses retranchements ultimes en débranchant un téléphone aux sonneries perturbatrices et en rationnant sa nourriture. L'appartement, lieu familier se transforme, comme un vaisseau qui s'éloigne du monde avec l'absence des parents, tandis que le temps qui s'étire en longueur, «contaminé lui aussi par la mollesse du silence»

Comme dans Muette, Eric Pessan parvient à incarner avec une grande justesse l'incertitude, la volonté de fuite et les paradoxes de l'adolescence.

«Les immeubles de nos jours sont plus sombres et insondables que les jungles, on peut s'y perdre, on peut y abandonner cinq ans une enfant, on peut y vivre comme un animal, on peut ne jamais en ressortir.»
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