Muette,
Muette ne l'est pas, mais on lui demande de l'être, en gros. On l'accuse de mentir et on lui demande de se taire lorsque sa parole dérange. Alors elle fugue. Une fuite à travers la campagne, les bois, pour se cacher dans la grange où elle aime se réfugier depuis l'enfance.
Elle observe la nature, s'y fond, se rappelle à quel point elle exècre l'être humain, elle ressasse les paroles maternelles toxiques, mais se souvient aussi de moments de douceur avec cette mère, lorsqu'elle était toute petite.
Fuit-elle pour faire souffrir ses parents, tester leur amour ? Est-elle aussi mal aimée qu'elle le pense ? Sa sensibilité d'adolescente est-elle particulièrement exacerbée, de manière démesurée : "Elle se demande si les gestes et les mots dont elle a pu souffrir ont été faits sans penser à mal eux aussi. Jamais elle n'a envisagé les choses dans ce sens. Toujours les autres étaient les salauds et elle la victime." (p. 157)
Bref, comment en est-elle arrivée là ? Un événement particulier a-t-il tout fait basculer ?
Je n'ai pas eu de réponse à toutes ces questions, d'où un léger sentiment de frustration à la fin de la lecture, et, paradoxalement, une satisfaction. Celle de ne pas être entraînée par l'auteur dans des rebondissements spectaculaires, glauques. On devine, on imagine. Malgré ce flou, les derniers mots sont particulièrement éloquents... quoique, finalement...
La jolie plume d'
Eric Pessan et certains de ses propos m'ont rappelé
Annie Ernaux et
Inès Cagnati ('
Génie la folle'). L'histoire est belle et aussi dérangeante que le ton, alternant douceur, douleur et rudesse. Malgré cela, j'ai eu beaucoup de mal à suivre le récit, à ne pas m'échapper du texte, que j'ai trouvé long et ennuyeux, comme le dit en substance
Muette à propos des "films magnifiques".
--- Un moment intense et marquant : la façon dont
Muette, enfant, aimait sa poupée.