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Critique de Khalil_Livres


Le banquier anarchiste, voilà un titre pour le moins étonnant et paradoxal. Comment est-ce possible de se définir comme un authentique anarchiste tout en étant un des rouages essentiels du capitalisme? C'est a question qui est posée à ce personnage original, à l'issue d'un diner et à laquelle il répondra à travers ce court récit de quelques 80 pages.

Qu'est ce qu'être anarchiste déjà? C'est le refus catégorique des injustices et des inégalités basées sur des fictions (Etat, statut social, patrimoine...). Seules les différences naturelles intrinsèques à l'individu (physiques, intellectuelles...) devraient être cause d'une quelconque inégalité.
Abolir ces fictions devrait être l'objectif véritable pour tout anar' qui se respecte.

Notre banquier, issu d'un milieu pauvre, a tenté dans sa jeunesse, via l'engagement militant et associatif anarchiste de combattre le système. Seulement pour lui, militer dans une organisation créerait inévitablement des inégalités (un chef autoproclamé, des suiveurs qui obéissent...). Un véritable anarchiste ne devrait pas par ses actions créer de nouvelles inégalités. Au pire, son action devrait être neutre. A défaut donc d'une émancipation collective ou d'une révolution qui reproduirait sous d'autres formes les inégalités, le banquier ne voit qu'une issue: affranchir sa seule personne. Et de quoi devons-nous nous affranchir en premier pour être libre? de l'argent ! Comment faire? En gagner des masses ! Par quel moyen? Devenir banquier !

Voici donc la vision de ce banquier qui se considère comme un authentique anarchiste dans la théorie comme dans la pratique. Nous avons affaire à une sorte d'anarcho capitalisme libertaire débridé qui valorise l'action individuelle au détriment de toute action collective, supposée mener vers la tyrannie. Une sorte de colibri en costume cravate qui fait sa part des choses sans déranger pour le moins la domination écrasante d'un système inégalitaire et immoral (amoral diront certains mais je ne partage pas cette conception). Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec le fameux capitalisme vert (un autre oxymore) et sa promotion des petites actions individuelles...

Malgré les sophismes du banquier, ce livre (jamais achevé par Pessoa) vaut le détour de par la vision anarchiste proposée et du débat action individuelle/ engagement collectif qu'il pourrait susciter.







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