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Critique de CharlesEdouard


Fernando Pessoa, est un génie, presque mystique dans la littérature portugaise.
Ainsi dans le "Livre de l'intranquillité de Bernardo Soares" l'auteur nous propose une flânerie à travers ses réflexions, ses pensées, sa philosophie, il rêve, il dénonce, il vomit, oui, il vomit aussi sa haine envers l'absurdité de la vie, il montre des réflexions assez noire sur le genre humain :
"311.Il arrive parfois – sans que je m'y attende et sans que rien m'y prépare – que l'asphyxie de la vie ordinaire me prenne à la gorge, et que j'éprouve une nausée physique de la voix, des gestes de ce qu'on appelle nos semblables. Une nausée physique directe, ressentie directement dans l'estomac et dans la tête, stupide merveille de la sensibilité éveillée… Chacun des individus qui me parlent, chaque visage dont les yeux me fixent, m'affecte comme une insulte, une ordure. Je suinte par tous mes pores une horreur universelle. Je défaille en me sentant les sentir."
Il fait preuve de grandes réflexions :
"298. Tout est absurde. Celui-ci consacre sa vie à gagner de l'argent pour le mettre de côté, sans avoir seulement d'enfants à qui le laisser, ni le moindre espoir de voir un ciel quelconque réserver un sort transcendant à sa fortune."
Pour ceux qui se poseraient la question si Fernado Pessoa était franc-maçon, ou dans toute autre société :
"256. J'ai toujours éprouvé une répugnance presque physique pour les choses secrètes – les intrigues, la diplomatie, les sociétés secrètes, l'occultisme."
Il a raison quand il écrit :
"278.La plupart des gens vivent, spontanément, une vie factice et impersonnelle. "La plupart des gens sont d'autres gens", a dit Oscar Wilde, et avec raison."
On peut lire comme un almanach, ouvrir une page au hasard, ou de A à Z..
Fernando Pessoa est un esprit fort tourmenté, mais à mon avis, c'est bien souvent là que ce trouve le génie d'un individu, c'est ce qu'il transparaît dans ses écrits.
Exemple, ce passage que j'ai particulièrement apprécié :
"262."Je pense, je sens sans cesse ; mais ma pensée ne contient pas de raisonnements, mon émotion ne contient pas d'émotions. Je tombe sans fin, depuis la trappe située tout là-haut, à travers l'espace infini, dans une chute qui ne suit aucune direction, infinie, multiple et vide. Mon âme est un maelström noir, vaste vertige tournoyant autour du vide, mouvement d'un océan infini, autour d'un trou dans du rien ; et dans toutes ces eaux, qui sont un tournoiement bien plus que de l'eau, nagent toutes les images de ce que j'ai vu et entendu dans le monde – défilent des maisons, des visages, des livres, des caisses, des lambeaux de musique et des syllabes éparses, dans un tourbillon sinistre et sans fin.
Et moi, ce qui est réellement moi, je suis le centre de tout cela, un centre qui n'existe pas, si ce n'est pas une géométrie de l'abîme ; je suis ce rien autour duquel ce mouvement tournoie, sans autre but que de tournoyer, et sans exister par lui-même, sinon par la raison que tout cercle possède un centre. Moi, ce qui est réellement moi, je suis le puits sans parois, mais avec la viscosité des parois, le centre de tout avec du rien autour."
Il va loin dans ses réflexions, il donne tout..
5 étoiles pour ce chef d'oeuvre qui fait parti de "Les 100 meilleurs livres de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre".
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