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Critique de vincentf


C'est comme si on lisait deux poètes. le premier, Alberto Caeiro, dit, à l'infini, que ce qui est ce qui est, qu'une fleur est une fleur, et que c'est tout, qu'il n'y a pas besoin de penser, qu'il faut juste voir les choses, sans y chercher un sens, un mystère, une symbolique, sans y ajouter ce qui n'y est pas à l'évidence. le deuxième, Alvaro de Campos, veut tout saisir, tout pénétrer, tout comprendre, et, malgré le tourbillon du vu et du vécu, tombe dans la désespérance de n'y rien comprendre, pas même lui-même, et ploie sous le vertige mystérieux d'être. Pourquoi suis-je moi? Inaccessible réponse. Deux attitudes possible. Je suis moi et je n'y pense pas; je suis moi et je cours après l'énigme que je résoudrai toujours après-demain, dans une procrastination constante du sens de la vie. Pessoa adopte les deux attitudes, comme nous tous, radeaux tanguant sans cesse entre le plaisir sans arrière-pensées, constatant joyeusement que le ruisseau est le ruisseau, et la question piège : l'eau du ruisseau qui coule est-elle réelle ou n'est-elle que mouvement, jamais identique à ce qu'elle était l'instant d'avant? La poésie est à la fois refus de la philosophie et appel d'un sens fuyant.
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