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Critique de Lucilou


Cette lecture, je l'ai repoussée tellement longtemps!.. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir désiré ce livre et de me l'être procuré très peu de temps après en avoir entendu parler! J'avais toutes les meilleures raisons du monde de me jeter dessus à corps perdu: je connais et j'admire le travail de Jean-Christian Petitfils, les ouvrages historiques ne me rebutent pas -bien au contraire- , et enfin -raison ultime- cet ouvrage est tout entier consacré à D Artagnan
Oui mais voilà, c'est précisément là que le bât blesse: D Artagnan, c'est D Artagnan.

Depuis que je l'ai rencontré, le jour déjà lointain de mes onze ans dans une édition de poche, j'aime D Artagnan à la folie. C'est mon héros, mon meilleur ami, mon premier amour littéraire, mon grand amour tout court.

Je lui dois beaucoup au cadet de Gascogne: il m'a émerveillée et tenue en haleine -il le fait toujours-, il m'a faite voyager quand je restais clouée au sol par trop de pesanteur, il m'a consolée quand j'étais triste, il m'a rappelée la force des convictions et des idéaux quand je ne croyais plus en rien, il m'a inculquée sa fidélité et son sens de l'amitié, il m'a donnée souvent le courage dont je manquais, la force d'y croire et le légèreté qui rend le monde plus supportable.
Il a fait mon éducation sentimentale.
Il m'a enseignée l'audace et l'obstination. S'il a pu faire mordre la poussière à Jussac et récupérer les ferrets en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, que ne puis-je pas faire, après tout?
D'Artagnan, quoi. Et Athos, Porthos et Aramis. Tous pour un et un pour tous. Moi pour eux et eux pour moi.

Comme je ne sais rien faire à moitié, j'en ai lu des analyses, des exégèses sur l'oeuvre de Dumas. J'y ai même consacré un mémoire de fin d'études, mais ce que j'ai dévoré à l'occasion relevait plus de la littérature que de l'Histoire. Bien sûr, je n'ai pu faire l'impasse sur les biographies des personnages historiques, sur les histoires de la période, sur Saint Simon et Tallemant des Réaux, sur Courtilz de Sandras aussi et j'ai rempli ma tête de notices biographiques sur les personnages dits "semi-historiques" de l'oeuvre, mais elles, elles étaient courtes et ça m'allait bien, vraiment bien, parce qu'au fond, on sait tous que le vrai D Artagnan -Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan de son nom complet- ne peut pas être à la hauteur de son double de fiction.
J'avais beau, je crois, en avoir conscience, une partie de moi avait peur de découvrir plus avant qui était vraiment l'authentique D Artagnan.
Certes, je savais bien que je ne découvrirais pas un héros de cape et d'épée, que le modèle historique ne soutiendrait pas la comparaison... mais si c'était encore pire que mes craintes les plus sombres? S'il n'avait été qu'un reître, qu'un séide cruel de Mazarin... et rien d'autre? Mine de rien, j'étais terrifiée à l'idée de penser que L Histoire ne puisse, ne serait-ce qu'un peu et qu'un instant, ternir l'image de mon Héros.
Imaginer que lors d'une relecture de mon Livre Sacré, je puisse me dire, ne serait-ce qu'une seconde: "là pour le coup mon amour, dans la réalité, tu t'es comporté comme le pire des salauds" m'étais proprement insupportable.
Plutôt mourir. Oui, je sais: j'en fais trop.

Et puis... On ne peut pas défendre l'esprit mousquetaire et manquer de courage, non? C'est ainsi que j'ai pris mon courage à deux mains et que j'ai laissé Jean-Christian Petitfils me raconter le véritable D Artagnan.
Sans surprise, le personnage historique n'arrive pas à la cheville de son double, tout gascon héroïque qu'il fut, mais malgré cela, j'ai adoré ma lecture. Trois bonnes raisons à cela, tout comme les mousquetaires étaient trois.

Il y a d'abord la raison Aramis, celle de l'érudition de l'auteur qui allie à son extraordinaire rigueur historique et à travail colossal d'archives et de documentation, une plume fluide, alerte, claire et très, très agréable à lire.

Il y a ensuite la raison Porthos, celle du coeur. Jean-Christian Petitfils est un auteur qui aime son sujet, qui aime L Histoire et surtout qui aime les romans de Dumas. Non seulement pour l'amoureuse que je suis, c'est un plaisir mais en plus cela confère à son ouvrage une bonhommie et une bienveillance qui transparaît en creux de son travail d'historien. Aucune de ces deux facettes n'empiète sur l'autre, au contraire, elles se complètent et le résultat est une véritable prouesse/

Enfin, la raison Athos, celle de l'Histoire et de la noblesse. le véritable D Artagnan n'était peut-être pas à la hauteur du mousquetaire de Dumas mais c'était tout de même quelqu'un de grand, un homme qui gagnait à être connu. Il avait pour lui le courage et la générosité, la passion gasconne et l'intelligence. Bien entendu, il avait des défauts (mais après tout, même son homonyme littéraire en a!) mais ces quelques qualités témoignent d'une personnalité remarquable et sûrement attachante.
Moi, ça m'a fait du bien de sentir que je pouvais l'aimer aussi, pour autre chose que pour avoir prêté son nom au plus grand héros de la littérature qui soit.

Un pour tous et tous pour un. Encore et toujours.









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