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Critique de paulmaugendre


Il ne faut pas croire que parce qu'il est prêtre exorciste et agent du Sodalitium Pianum, les Services secrets du Vatican, que Requiem, alias Esteban Lehydeux, se tourne les pouces en attendant une hypothétique affaire de démonologie.

D'ailleurs, il sait bien que les démons ne se trouvent pas là où on les attend, mais souvent dans les coulisses du pouvoir. Mais n'extrapolons pas, ce n'est pas notre propos. Non, Esteban (d'église !) est, au moment où nous le retrouvons dans cette nouvelle aventure, fort occupé à aider les bénévoles de l'association Magdalena, basée à Boulogne-Billancourt. Cette association caritative vient en aide aux SDF et autres cabossés de la vie.

C'est alors qu'il reçoit un appel téléphonique de son ami Régis, le commissaire de police. Régis est sur une scène de crime et il a besoin des lumières, et du son par la même occasion, de son ami Requiem. En effet, par un pur hasard géographique, le corps d'un homme a été découvert dans un appartement de Boulogne-Billancourt et bille en tête notre curé se précipite, car il est impliqué.

En effet le cadavre, qui avait été placé dans un appartement destiné à la location, est agenouillé sur un prie-Dieu, des phrases sont inscrites sur une glace à l'aide d'un marqueur, des phrases qui se réfèrent à des prières mais dont des mots sont en trop, et surtout, surtout, le dernier roman publié en date de Requiem est retrouvé sur place. Et c'est bien cet ouvrage qui a inquiété le commissaire Labavure, Régis de son prénom. Que venait faire ce livre en cette galère !

Ceci aussi inquiète Requiem, toute la mise en scène en réalité. D'autant que d'autres corps sont retrouvés dans des conditions similaires, avec toujours des références religieuses légèrement détournées, et à chaque fois le roman de Requiem. A croire que l'assassin s'était constitué un stock d'ouvrages, ce qui est bon pour la vente, et donc sur le pourcentage qui ruissellera dans l'escarcelle de l'éditeur et de l'auteur.

Cécile, la copine de Requiem, celle qui lui permet de passer des nuits blanches, arrive sur les entrefaites pour le week-end. Ah heureux curé qui connait sa Bible et surtout la théologie chrétienne, qui sait que le célibat des prêtres n'a été décidé que depuis le concile du Latran de 1123, et bien d'autres références qui lui permettent de contourner la doctrine en vigueur, se prête volontiers au simulacre de la reproduction, un interdit que bravent allègrement certains religieux en s'occupant de la sexualité des gamins, se souvenant des paroles du Christ qui disait Laissez venir à moi les petits enfants.

Cécile qui accompagne Requiem sur les lieux de meurtres et donne la signification des messages inscrits sur les lieux des crimes et se rapportent à des chansons de Johnny Halliday. Oh Marie, si tu savais…

Et comme Régis Labavure est dépendant d'un chef, un commissaire divisionnaire, qui n'apprécie pas (le mot est faible) l'intrusion de Requiem dans l'enquête. Monsieur le Divisionnaire est un grand lecteur, mais la littérature populaire, surtout policière, est au dessus de ses gammes de prédilection, alors un ouvrage d'une teneur guère orthodoxe, et encore moins catholique, ne plaide pas en faveur du prêtre-romancier.

Bientôt germe dans l'esprit (sain) de Requiem l'idée que le fauteur de troubles lui en veut et que la cible bientôt se sera lui. Et comme les morts étaient tous des cabossés de la vie, il requiert les compétences, via Falvo, son patron au Vatican, compétences dans des domaines pratiques, matériels et autres, notamment la venue d'une charmante maquilleuse. Et il se mêle au troupeau toujours plus nombreux des SDF (Sans Dents Fixes) qui attendent la provende distribuée par l'association caritative qu'il aide. Association qui n'est pas la seule à proposer des repas gratuits car d'autres effectuent un tri dans les bénéficiaires en distribuant de la soupe au cochon, ce qui exclue quelques faméliques.



Moins humoristique que dans ses précédents romans consacrés à Esteban Lehydeux, Stanislas Petrosky s'intéresse plus à un phénomène de société, celui des pauvres obligés de vivre dans la rue, ravitaillés par des associations caritatives dévouées, ou malfaisantes, par exemple les Identitaires.

Mais outre la dénonciation du traitement infligé à ces pauvres hères, l'auteur se défoule en pointant du doigt les dérives d'une société, dite moderne, qui régresse mentalement, sous couvert de la moralité. le harcèlement sexuel de rue par exemple, toujours à mettre sur le compte des hommes naturellement, car les femmes n'oseraient jamais se promener en mini-jupe et fringues affriolantes et attiser la convoitise masculine. C'est bien connu !

Si j'ai écrit que ce roman est moins humoristique que les précédents, le contexte ne s'y prêtant guère, certaines scènes ou réflexions sont toutefois glissées ici et là afin d'apporter la note joyeuse indispensable à la décompression nécessaire exigée pour mieux savourer les coups de griffes, les coups de gueule, les idées de bon sens émises. Alors entre deux parties de soutane en l'air, et deux interpellations au lecteur et plus principalement à sa lectrice, l'auteur émet et glisse ses sentiments de révolte, ce qui ne changera rien à l'ordre des choses mais lui permet de se défouler et d'être en paix avec lui-même.

Avant d'être un roman humoristique, il s'agit d'un roman humaniste. Amen !


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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