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Critique de Lishbks


Un roman comme un arbre. Au fil des pages nous y découvrons les branches comme autant de personnages qui, au delà de leurs liens familiaux, décrivent la vie du peuple tahitien, dans Tenaho, un quartier défavorisé à l'est de Papeete. Celle de Pina s'y illustre comme aucune autre. Encore jeune et frêle, elle n'en est pas moins solide que celles qui lui ont donné naissance. Sous le vent elle oscille pour attirer notre regard et nous montrer son histoire.

Captivante, la plume de Titaua Peu, s'en éloigne un peu, elle nous entraîne, part effleurer les racines avant de revenir vers le tronc. Une écorce sous laquelle s'epaississent les affres du colonialisme, la domination, le racisme, la brutalité, l'injustice. Derrière le sable fin du paradis exotique que l'on aime se figurer, la réalité est écoeurante. Qui possède quoi ? Qui possède qui ? La rage s'infiltre, gronde, monte, peine à se contenir. Martyr ou bourreau ? Quel autre avenir ?

Puis vient la violence, un coup de hâche dans le bois vivace. Né de l'humiliation, couvé par le machisme latent, reçu par les victimes favorites de la virilité humiliée : les femmes et les homosexuels. Évacuer une domination par une autre n'a jamais fonctionné. Et la sève de l'arbre s'écoule, comme le sang des victimes, même les plus innocentes.

La plume virevolte, par delà les mers, le long des branches elle trouve parfois des bourgeons, ils donneront des fleurs un peu timides ou éclatantes. Peut-être porteront-elles leur fruits. Des fruits nourriciers qui viendront alimenter les espoirs d'indépendance et de liberté. Ou des fruits trop lourds à porter pour des branches qui n'ont pas eu le temps de grandir.

Ce roman sombre, âpre, social et politique, expose des problèmes actuels qui ne se posent d'ailleurs pas qu'en Polynésie. Une lecture forte en émotion que je ne suis pas prête d'oublier.

Chroniqué dans le cadre d'une masse critique, je remercie chaleureusement la maison d'édition Au vent des îles et Babelio.
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