Citations sur Pina (24)
Ils ont raison. Et je souris, je ris. Tahiti, lieu de toutes les incompréhensions. Île des différences qui séparent.
Faut croire que le soleil oblige certains à perdre tout sens de la correction.Quand on voit ce qu’on voit, on ne peut s’empêcher de penser à une chose. Une chose qui sonne comme une réclame, un slogan bien trouvé : « Tahiti, laboratoire de cons en quête d’exotisme. »
Ce matin-là, avant de mourir, il a eu des yeux très étranges, un sourire moqueur, diabolique, il lui a sorti qu’un jour elle comprendrait que cette religion importée ne les élèverait pas. Ni eux, ni leurs descendants. Cette religion était la religion de l’exclusion. Ne croire qu’en un seul Dieu, c’était annuler toute possibilité aux hommes de s’élever au rang de divinité, et donc d’approcher la perfection. Ainsi, avec la religion chrétienne, l’homme sera condamné à n’être qu’un homme. Une créature toujours imparfaite, toujours demandeuse, toujours peureuse.
Toutes les histoires commencent par des histoires de famille. Dans chaque famille, il y a des personnes qui ont le même sang. C'est sûr. Mais il arrive que dans les familles, il y ait des destins qui se séparent, des gens qui ne se ressemblent pas du tout. Et ça amène des tas de rendez-vous manqués, des incompréhensions aussi. Ça arrive. C'est la vie.
Elle se dit souvent que les mots, c'est la seule chose qu'on peut s'accaparer sans que ça paraisse indu, sans que ça ressemble à un vol.
Je sais pas si j’ai déjà dit que tante Poe avait des tonnes de gosses. Sûrement, parce que c’est la première chose à laquelle on pense, quand on la voit. Large, obèse, mais agile, des seins aussi vertigineux que les montagnes de chez moi, qu’on n’escaladait jamais. Tout ça, c’était le corps de tatie. Un corps fait, taillé pour porter le plus d’enfants possible, pour consoler les chiards, leurs petites et leurs grosses douleurs. Un corps qu’apparemment son mari aimait, aimera toujours, jusqu’au moment où le soleil et la terre seront vidés de leurs souvenirs.
Ils étaient adultes et les rêves, ils les avaient largués depuis longtemps.
Souffrir pour quelqu’un qui ne se sait pas perdu, il n’y a presque rien d’aussi terrible.
Tuer, c’est très facile, vous savez. Celui qui a le projet de le faire, possède une force extraordinaire, possède toutes les légitimités de son côté.
Notre maître est un Chinois. On dit à l'école qu'il est sévère et impartial. Il n'a aucune préférence. Mais enfin, c'est quand même bizarre. Le tout premier jour des classes, il nous a lui-même installés. Alors, la salle de classe, elle ressemble à ça : devant il y a les élèves qui ont les cheveux blonds. Au milieu, on trouve des cheveux noirs, mais ce sont ceux des petits Chinois. Puis, au fond, d'ailleurs ça m'arrange, il y a nous, les "petits" d'ici. On est tous du même quartier. On n'est ni Chinois, ni un peu clairs. Au contraire, on est tous très marron foncé. La classe, elle fait un peu métissé pour être gentil, bariolée, stratifiée, pour dire les choses un peu méchamment.
Un pays au bord de l'explosion, un début de soulèvement, ça vous concentre, ça vous résume, en quelques minutes seulement, une société tout entière. D'un côté la misère qui exulte, expulse ses démons. De l'autre, le confort, l'habitude, l'individualisme qui prennent peur soudain et qui, dans un dernier sursaut d'orgueil, tiennent à rappeler qui sont les maîtres.