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Critique de Alfaric


Pierre Pevel avait conclu son tome 1 par un cliffhanger insoutenable… Il démarre donc son tome 2 par la gestion des conséquences de celui-ci, et Alan 3e fils du roi et 2e fils de le 2e reine mais surtout ami d'enfance de Lorn remplace celui-ci à la tête de la Garde d'Obsidienne mais après une tonalité résolument populares il lui donne consciemment ou inconsciemment une direction optimates. On passe en série toutes les personnages ayant survécu au tome 1, tous en deuil de l'antihéros censément mort dans les flammes...
Et coup de théâtre ! Toute la deuxième partie du roman nous raconte les mêmes événements que ceux de la première partie, mais vus et racontés par celui qu'on a enterré et qu'on a essayé de nous faire oublier. Personnellement je mort de rire, mais du coup ATTENTION TOUT CE QUI VA SUIVRE EST 100% SPOILERS

L'essentiel du roman repose sur la prétendue querelle entre la Reine Célyane et la Dame Yssandre, la première faisant tout pour que les choses dégénèrent et la deuxième faisant tout pour améliorer la situation. Mais les crevards et les crevardes obtiennent toujours ce que veulent leurs egos démesurés et dénaturés (on a tous rencontrer un ou plusieurs de ces sociopathes qui devraient soigner leur pathologie pour la plus grand bien de la société, et le Haut Royaume se lance dans une guerre impossible à gagner contre la Principauté d'Arcante, petite certes mais très bien fortifiée, très bien financée et en quête d'alliés. La Garde d'Obsidienne se retrouve avec deux chefs amis de longue date certes mais aux vues et aux ambitions différentes, et on sent qu'avec la tension montante entre les Populares de Lorn et les Opimates d'Alan une scission n'est pas à exclure (et qui dit scission de l'ordre garant de la paix public et de l'exécution de la justice dit possibilité de guerre civile). Pour ne rien gâcher chacun des deux compères doit affronter sa part de ténèbres : l'Obscure développe chez Lorn une autre personnalité violente, cruelle et sadique mais surtout invincible, tandis qu'Alan qui retrouve ses vieux démons toxicomaniaques ne se contrôle plus du tout. Au final Pierre Pevel nous refait le coup du siège de la Rochelle et malgré toutes les péripéties de cape et épée (notamment avec le chevalier servant de Dame Yssandre qui joue à Thierry la Fronde), héros et antihéros comprennent bien vite qu'ils sont tous engagés dans une sale guerre qui ne sert que les intérêts d'une clique accro au pouvoir qui s'est autoproclamée « élite » au détriment des soldats et des civils des deux pays, ressources humaines corvéables et sacrifiables à merci (toute allusion à notre Monde de Merde n'est aucunement fortuite). Car finalement tout ceci n'est destiné qu'à discréditer la réputation du prince héritier à qui on a confié la gestion du gros merdier, et à faire d'un ultime recours un autre prince qu'on aimerait placer sur le trône à sa place : ce dernier est-il complice ou dupe de tous ces complots et intrigues ?

En parallèle on a un POV que je dois qualifier de remplissage avec Alissia de Laurens toujours amoureuse de Lorn, qui doit épouser un vieux barbon tout en n'étant pas insensible aux charmes de son fils beau gosse. On dirait le POV de Sansa dans le TdF et je ne vais pas mentir en déclarant que c'était plus ou moins chiant (comme le dit sa meilleure amie, elle n'est pas faite pour les intrigues amoureuses vue qu'elle se retrouve avec un polichinelle dans le tiroir à la première incartade). Lorn finit par péter un câble et noblesse oblige le fils doit défendre l'honneur de son père tout en étant jaloux de Lorn, et le traditionnel duel judiciaire des récits de chevalerie se conclut en boucherie quand l'Obscure décide de s'amuser un peu avec le commun des mortels...
Vilipendé de tous les côtés, lâché par tout le monde ou presque, condamné à nouveau par son roi et son père qui l'avait gracié, Lorn retourne à la case départ mais ne compte plus se laisser faire : il prend la poudre d'escampette et se lance dans opération « Joyeux Compagnons de Sherwood » (stratégie souvent efficace que les Chinois appelle « renaissance dans les terres mortes »), et rejoint la résistance yrgaärde dans l'espoir de récupérer tout ou partie de l'épée magique tueuse de dragon du premier souverain du Haut Royaume. Alors on nous ressort l'élu, la prophétie, et l'artefact magique destiné à contrer le retour chaos en la personne d'un Méchant Millénaire random. Mais Pierre Pevel nous passe tout cela à la moulinette, et toutes les interludes nébuleux mettant en scène les servants des dieux-dragons se mettent à faire sens : le Haut Royaume est maudit parce que pour raisons personnelles son vaillant souverain est devenu un roi-liche en voulant tricher avec le Destin ! Lorn qu'on a toujours traité comme de la merde lui et ses parents (qu'on découvre dans le droit de quota de flashback), décide de ne rien faire du tout pour corriger le tir : on va tout droit à la guerre civile !!!


Ah je ne boude pas plaisir avec ce tome 2 : "Haut Royaume" est assurément la meilleure série de Pierre Pevel, un auteur qui contrairement à d'autres dont je ne citerai pas les noms ne ménage pas ses efforts pour faire plaisir à ses lecteurs et à ses lectrices. Après ce tome 2 souffre clairement du syndrome « tome de transition », et comme Lorn passe d'avatar d'Edmond Dantès à avatar de Rocambole et on perd quand même clairement au change… Outre le POV d'Alissia qui m'a laissé de glace, et les complots et intrigues de tel ou tel hominus crevaricus ou untelle ou untelle homina crevarica pour monter quelques marches de plus vers le sommet dans la seule optique d'emmerder et/ou faire souffrir le plus de monde possible pour nourrir leurs egos de sociopathes (Syndrome GRR Martin : faire du grimdark pour du grimdark parce que c'est à la mode), force est de constater que l'auteur se perd de temps en temps en digression rallongeant la sauce. On a compris qu'on était dans un Europe uchronique avec France, Espagne, Italie, Allemagne et Scandinavie, et qu'on est peu ou prou sous le règne de Louis XIII en mode Louis XV (vous savez, celui-ci qui est mort d'une longue maladie qui a fini par lui faire fondre le visage), mais était-il vraiment nécessaire à l'avancement du récit de s'attarder sur les mouvement indépendantistes « espagnols » et « italiens » soutenues par des puissances étrangères, ou sur les rebellions de telles ou telles provinces dans tel ou tel pays ? OK ça approfondit l'univers, mais vu qu'on n'a aucune carte, aucun glossaire et aucun dramatis personae (ce qui est inadmissible soit dit en passant !), c'est quand même assez improductif... Je radote, mais je ne boude pas mon plaisir : vivement le tome 3 !
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