En toute conscience

L'amour c'est injuste. On ne peut forcer personne à nous aimer.

- On fait quoi maintenant ?
- On continue.

- Et alors avec la police ?
- On verra bien...
- Je savais pas quoi faire quand ils ont débarqué...
- T'as bien fait de leur donner. T'en fais pas.
Ils ont perquisitionné chez tout le monde pour récupérer le produit. (...)
Vous auriez vu Maurice accroché à ses ordinateurs ! Et Nicole qui vociférait en disant qu'on était en "république bananière" !!!
- Oui enfin tu plaisantes mais je vous avais dit que c'était risqué !
- Faire bouger les lignes, c'est risqué ! Mais tant mieux, on va alerter les médias.

Pour les morts.

AAAH non ! Pour les vivants ! Choisir sa mort, c'est être on ne peut plus vivant !

- Je t'avais dit que c'était dur.
- Ah non, j'ai trouvé ça très beau de partir accompagné comme ça... Vous savez rendre la mort plus douce.

- Nous venons chercher madame Gomez.
- Ce... C'est impossible ! Ça risquerait de lui être fatal !
- Elle veut mourir chez elle, vous avez lu ses directives, non ?
- Mais... Qui êtes-vous ?!
- L'association "En toute conscience".
- Ah je vois ! Les pro-euthanasie !
- Ecoutez, vous pouvez faire tous les raccourcis qui vous arrangent ! Nous aidons surtout à ce que le corps médical respecte la volonté des patients !
- Bon ! Allons dans mon bureau, vous ne pouvez pas rester ici !
- On ne bougera pas tant que vous n'aurez pas signé son autorisation de sortie !

- ...Du coup, concrètement ça se passe comment ?
- C'est un véto mexicain qui nous l'envoie de Los Angeles. Avant c'était la Chine, mais ils ne répondent plus.
- C'est cher ?
- A peu près 800 euros, plus les frais de port.
- Et vous avez pas une dose d'avance à me vendre ?
- Ah non, on a chacun la nôtre, pas une de plus.
- Mais vous êtes tous en bonne santé, vous pourrez en recommander !
- HA HA ! Ça ne se passe pas comme ça !
- Ah OK ! Genre : "on n'est pas des dealers"
- Sûrement pas non !! Une dose, c'est quelque chose de personnel, qu'on se procure après mûre réflexion... et qu'on garde précieusement au cas où il nous arriverait malheur.

[Maison des associations]

- Bonjour !
- Bonjour ! Alors pour théâtre, vous êtes en 32 !
- Ah nan nous c'est "En toute conscience".
- Ah oui pardon ! Pour les morts.
- AAAh non ! Pour les vivants ! Choisir sa mort c'est être on ne peut plus vivant !

- Quand vous aurez bu, il n'y aura pas de retour possible. Etes-vous sûre de vouloir mourir ?
- Oui... J'en suis sûre.
- Bien... Mireille, on va donc vous laisser lui dire au revoir.

- Voilà, vous pouvez y aller...
- D'accord ! Allez faire des courses et gardez bien le ticket avec l'heure dessus ! Ce sera votre alibi.
- Oui... J'achète quoi ?
- Peu importe !
- Bon, et j'achète quoi ?
- ...Je viens de vous le dire...
- Je... rentre quand ? Pardon...
- Dans une heure, minimum...
- Bon ben je... J'y vais...
- Oui, Mireille, il le faut.
- Très bien. Merci. Merci pour tout.
- Allons-y !