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Critique de gruz


Quatre mots d'accroche sur le bandeau du livre : « Centenaire, féministe, sérial killeuse ». Il faut parfois se méfier des messages publicitaires, mais pas de celui-ci qui résume parfaitement ce personnage hors norme qu'on va côtoyer de près durant 450 pages. Mamie Luger a 102 ans, a tenté sa vie durant de vivre libre (et tout au long du XXème siècle ça avait tout d'une gageure), et est effectivement une tueuse multirécidiviste (par obligation le plus souvent…).

Ceux qui ont lu l'excellent premier roman de Benoît Philippon, cabossé, sorte de road movie aussi fou que touchant, connaissent déjà cette mamie qui y avait fait une apparition en guest star. Un personnage annexe qui devient le centre de ce nouveau roman, tant on y sentait un sacré potentiel. Quelle bonne idée !

Berthe Gavignol, de son nom de jeune fille (elle va beaucoup en changer durant un siècle), est un sacré personnage. Pas de bol, elle naît en 1914, autant dire qu'elle a devant elle son lot d'horreurs. Élevée dans un univers de femmes, elle va très vite montrer son indépendance et sa force de caractère. Pour le meilleur (parfois) et le pire (souvent).

Le pistolet Luger est une arme semi-automatique tirant en coup par coup. La mamie Berthe aussi. Capable de flinguer au sens propre comme au figuré, par balle ou à coup de bons mots (quelques projectiles et beaucoup de mots d'esprits au style à la fois drôle et vachard).

Touchant. Jubilatoire. Marquant. Dur. Quatre mots pour décrire (dans le désordre) ce formidable roman, noir et lumineux. La vie de Berthe n'a pas été un long fleuve tranquille. La brutalité des hommes l'a transformée en Mamie Luger.

Un tel personnage, vous n'en rencontrez que très rarement durant vos lectures, croyez-moi. du genre qu'on n'est pas prêt d'oublier, qui nous touche et nous étonne constamment, paragraphe après paragraphe.

Benoît Philippon avait la matière brute. Lui restait à la modeler. Il l'a fait avec un sacré talent, avec humour et sensibilité, justesse et déchirement.

L'idée d'alterner deux types de narration est excellente et habilement maîtrisée, entre la gouaille de la mamie durant sa garde à vue aujourd'hui et les chapitres sur son passé écrits à la troisième personne. La plume alerte, drôle, vivante, rend le tout réjouissant tout autant que poignant. Parce qu'il n'est pas de tout repos d'être une femme dans ce monde de violence…

Mamie Luger vous convie à un voyage à travers le siècle dernier, et la difficile place de la femme dans notre société de violence ordinaire. Attendez-vous à ressentir de fortes et contradictoires émotions durant ce périple. de quoi passer du rire aux larmes, avec l'insolence d'une guide de caractère qui a tout vécu. Benoît Philippon est un impertinent conteur doublé d'un admirable passeur d'émotions.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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