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Critique de JLBlecteur


Pathétique et réaliste dans l'acception du terme donnée par les chansons anciennes de Damia, Frehel ou Berthe Sylva.

Justement, c'est de Berthe dont nous allons suivre le destin alors qu'à 102 ans, elle est cuisinée sur le  lino  d'un commissariat auvergnat par l'inspecteur Ventura pour avoir tiré sur son notable et notaire de voisin avec un Luger allemand, vestige de la guerre 39/45.

Elle ne lui a pas réglé son compte, au tabellion, et il ne portera pas plainte, une vieille histoire les lie.

Flashback : on retrouve Berthe toute  gamine au début de la première guerre mondiale ou son père éparpille joyeusement ses entrailles dans celles rouge-carmin de Verdun.

Pas de quoi siffloter Carmen.

Une jeune mère absente mais une aimante grand-mère absinthe, ou plutôt tord-boyaux de sa fabrication à base de patates, de blé et de betteraves (ça donne envie !).

Dans un style nerveux et réaliste donc, truffé de balles et de belles tournures, le truculent récit va nous tracer le portrait pas vraiment sépia d'une mamie ni gâteau ni gâteuse (dont on imagine, pour les plus anciens, la voix en un mix de Régine (de Panam) et de Jacquie Sardou), avec, en guise d'apéro anisé, un interrogatoire d'anthologie où Audiard n'aurait pas craché sur les amuse-gueules, inspiré qu'il eut tété par l'auvergnate mamie flingueuse qui ne manque ni de répondant ni de passé pas simple.

L'aurait sûrement inspiré également l'histoire de Berthe quand elle raconte comment elle mit la main sur son arme de poing appartenant à un jeune SS à poigne qui avait décidé de la posséder, elle. Mauvaise pioche pour lui, bonne pelle pour elle dont elle se servit à différentes fins que le roman nous narre dare-dare (dard-dard ?).

Du huis clos poussiéreux du commissariat de province on est passé à une scène mouvementée de Mamie fait de la résistance, peu encline qu'elle fut à se laisser labourer sans fondement.

Faut pas pousser mamie dans les…orgies !

Quoiqu'elle ne fut pas toujours mamie et ne connut pas non plus que des orgies (loin de là), un triste mariage (même si son mari finit quand même par descendre à la cave), des amants de passage (pas sages du tout même, pour certains), un enfantement cruellement espéré qui tarde à arriver, des violences conjugales...mais quand même, quand même un amour incandescent!

Par touches intimistes remontées d'un passé douloureux, le sort finalement peu enviable de Berthe se répend entre ces pages qui se tournent avidement, nous racontant la vie d'une femme de caractère (euphémisme), rarement étouffée par les remords, qui, au crépuscule de son parcours chaotique se retrouve dans l'obligation de refaire douloureuse machine arrière en nous contant les effroyables embûches (mais pas de Noël) qu'elle dû traverser, et ce, pour notre plus grand bonheur de lecteur (sadique!)

Outre la truculence que le titre et la couverture rendent évidente (trop réducteurs aussi), le récit sait s'attacher avec une certaine tendresse aux aventures singulières de cette mamie flingueuse qui obtient toute notre empathie tant qu'elle n'est ni notre parente ni notre voisine.

Un excellent moment de lecture divertissante, certes, mais pas que, loin de là, on navigue même en pleine tragédie!!

PS : à ne quand même pas mettre entre toutes les mains, la crudité de certaines scènes pourrait incommoder même les végétariens les plus intégristes, il y a pas mal de pruneaux, de sauce tomate, des aubergines, des oignons et du gazon maudit.
 
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