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Critique de Antyryia



- Dis maman, il fait dodo l'éléphant ?
- Non Lincoln, il est mort. Des gens méchants ont tiré dessus avec un fusil. Et nous il faut vite qu'on trouve un abri.
- Et la dame allongé et pleine de sang là-bas, elle ne va pas se réveiller non plus ?
- Il y a peu de chance mon chéri. Allez viens, suis moi en marchant tout doucement.
- Et toutes les personnes entassées près de l'entrée, elles sont mortes tu crois ?
- Chut ! Ou parle tout bas, ils ne faut surtout pas qu'ils nous entendent.
- Tu veux bien me porter ? J'ai mal aux pieds !
- Bien sûr, viens dans mes bras mais plus un mot maintenant !
- Mais pourquoi des gens super méchants tuent les visiteurs du zoo et les animaux ?
- S'il te plaît Lincoln, si tu ne la mets pas en veilleuse et qu'on attire l'attention de ces terroristes, on est fichus !
- C'est quoi un terroriste ?
- Tu as faim, tu veux manger une barre de céréale ? Je crois qu'il m'en reste une dans la poche de ma veste.
- C'est vrai que pour faire un bébé papa a planté une petit graine à l'intérieur de toi et que c'est comme ça que je suis né ?
- Alors un terroriste, c'est quelqu'un qui sème la terreur. Souvent c'est pour tenter d'imposer une idéologie religieuse par exemple en roulant au hasard pour écraser la foule au volant d'un véhicule fou, ou en mettant des bombes dans des trains. Mais ici d'après les informations que j'ai pu lire sur mon téléphone portable, on a juste affaire à un ou deux petits cons qui font un safari grandeur nature. Un peu comme ces étudiants qui arrivent un jour armés dans leur lycée et tirent sur un maximum d'étudiants et de professeurs avant de se faire sauter la cervelle. Mais eux font leur partie de chasse en plein air.
- Maman, tu as dit un gros mot.
- Excuse-moi mon coeur. Je voulais juste dire qu'ils étaient dingues.
- Est-ce que tu crois que Spiderman ou Thor vont venir à notre secours ?
- J'espère bien ! Mais je crois davantage à la police ou aux équipes du SWAT. Je ne comprends pas pourquoi ils ne sont toujours pas là alors que ça fait plus d'une heure que la tuerie a commencé. Allez, baisse la tête je t'emmène dans l'enclos des porcs-épics. Reste bien immobile. Pourquoi tu gigotes comme ça ?
- J'ai envie de faire pipi !
- Oh oh. Il va falloir essayer de te retenir un peu encore.
Surtout ne t'en fais pas mon petit bonhomme mais je crois qu'on a été repérés.

* * *

Le zoo est censé être un roman coup de poing. Malgré ses trois cent pages, il se lit comme une longue et intense nouvelle puisque trois heures seulement séparent les premiers coups de feu de l'épilogue.

Faisant appel à nos peurs primaires, il nous confronte à cette mère ( Joan ) et à son fils ( Lincoln ) qui se retrouvent piégés à la tombée de la nuit dans ce vaste espace clos qu'est le zoo, à la merci de tueurs qui en ont fait un gigantesque terrain de chasse.

Le sujet m'a paru d'autant plus d'actualité que le 01er octobre dernier, à Las Vegas, un homme s'est entraîné au tir de la fenêtre de son hôtel, visant au hasard la foule venue assister à un festival de music country et battant le triste record de la fusillade la plus meurtrière des Etats-Unis, avec presque soixante morts et plus de cinq cents blessés

L'idée était donc bonne, presque prémonitoire, le monde semblant plus rempli que jamais de fous furieux pour qui le meurtre de masse est comme un aboutissement personnel.
Face à cette barbarie humaine cette mère et son petit garçon pourront-ils en réchapper ? Vont ils pouvoir se cacher, fuir, être sauvés à temps ?

Gin Phillips tenait un thème en or avec ce sujet grave qui n'a hélas rien de surréaliste, avec une identification aux personnages aisée, même sans être maman d'un petit garçon. Qui ne s'est jamais imaginé comment il réagirait dans une foule ou dans un lieu pris au piège, accompagné ou non ?
La tension ressentie à la lecture avait toutes les raisons d'atteindre par moments son paroxysme. L'angoisse ressentie aurait du être palpable et culminer à son apogée aux instants les plus critiques.

Sauf que non. Rien. Pas une once de frayeur, pas de surprises même si l'auteur tente par moments de relancer quelque peu sa maigre intrigue. Le suspense ne fonctionne pas si on excepte quelques rares passages. C'est complétement passif que j'a lu ce thriller après l'avoir reposé plusieurs fois tant j'avais envie de connaître la suite des évènements.

Il y a quelques mois, j'ai lu "Au nom de quoi" de l'excellente Amélie Antoine, qui revenait sur la tragédie du Bataclan de novembre 2015. En quelques pages seulement, elle était parvenue à nous faire aimer une dizaine de personnages, à craindre pour leur vie, à nous faire revivre la tragédie et j'ai ressenti de la peur, de l'espoir et toute l'horreur de la situation.

En comparaison, le zoo ne fait que de la figuration. Le roman fait traîner inutilement en longueur l'histoire de cette mère et de son garçon qui, si je veux bien comprendre qu'ils ont été traumatisés par cet enfer, ne sont jamais parvenus à me toucher. Les personnages secondaires et les lieux auraient pu être davantage exploités tant il y avait matière, mais là encore je suis resté sur ma faim. Toujours demeurer en surface donne un aspect superficiel et fade à ce livre qui ne parvient jamais vraiment à décoller.

Il n'en demeure pas moins quelques intéressantes réflexions sur la maternité, sur ce lien unique qui existe entre Joan et Lincoln mais de façon plus générale entre les mères et leurs enfants. A quelques rares moments, comme au travers de ces pleurs de bébé entendus au loin, le rythme retrouvé permet de se réinvestir un peu dans la suite de l'histoire.

Mais je ne cache pas avoir été extrêmement déçu par cette lecture qui m'a laissé de marbre et dont j'attendais tellement plus, persuadé que la collection "La bête noire" avait déniché une petite pépite pour cette rentrée littéraire.
Cela dit, le roman a convaincu bien d'autres lecteurs, et il est donc tout à fait possible que vous fassiez à l'inverse partie des élus qui ressortiront dix fois plus enthousiastes que moi à l'issu de cette lecture.

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