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Critique de LVI


Un enfant de la steppe !


En 1977, entre deux ‘Adèle Blanc-Sec' chez Casterman, le libertaire Tardi fait paraitre aux Humanoïdes Associés (l'album est depuis régulièrement réédité par Futuropolis-Gallimard) un récit de science-fiction en 42 pages en noir et blanc qui louche un peu du côté de ‘La planète des singes' : dans un futur imprécis sur notre planète probablement ravagée par quelconque cataclysme, la vie a repris et l'être humain vit dans un monde qui tient de celui de l'antique Babylone (non, je ne déconne pas !).


Le héros de cette histoire, Polonius, un jeune paysan, décide de quitter sa steppe natale pour monter à la ville. Mal lui en prend : il se retrouve au bagne vite fait, mais y sauve un général qui devient son mentor et l'installe dans la capitale où il prend femme (belle et grasse) et s'ennuie, jusqu'à ce que le savant de la ville le convainque de partir avec lui en expédition dans le désert à la recherche de vestiges des temps anciens…


Particulièrement noire, cette bédé scénarisée par Picaret a quelque chose de la série télévisée actuelle ‘Spartacus' : du sexe et du sang dans un monde à la croisée des chemins, mais plus proche de l'enfer que du paradis ; des esclaves qui tentent de survivre, soumis aux caprices de leurs très exigeants propriétaires ; de l'espoir qui fait vivre, mais fond comme neige au soleil face aux turpitudes de ceux qui mènent la barque qui est en train de couler.


Très bien dessinée (rien à voir avec ‘Rumeurs sur le Rouergue' aux mêmes éditions Futuropolis), plus classique toutefois que ‘Le démon des glaces' (l'oeuvre la plus ambitieuse, sur le plan graphique en tout cas, du rebelle Tardi à ce moment-là de sa carrière), ‘Polonius' est une BD atypique de son auteur dont l'intérêt est surtout ‘documentaire' : Tardi était alors un touche à tout, capable du pire comme du meilleur, toujours à la recherche de nouvelles inspirations, mais qui allait quand même rapidement en revenir à ses fondamentaux : Paris et ses rues, la banlieue et ses pavillons, les pavés et les réverbères ; la guerre et ses laissés-pour-compte ; le roman-feuilleton, ses savants fous et ses monstres. Ainsi soit-il !
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