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Critique de nilebeh


Je soupçonne Véronique Pierron d'être elle-même violoniste tant son style, tantôt primesautier, tantôt mélancolique et romantique, évoque les sautillements et les plaintes d'un violon tzigane. Je ne sais pas s'il s'agit d'un Kulik, comme celui avec lequel le tzigane bulgare Noury enchante les auditeurs du métro puis des salles de concert . Mais on trouve toutes les émotions sous sa plume (j'allais dire son archet!), toutes les sensualités, toutes les évocations de mondes à la fois si proches et si lointains...

Des bords du canal de l'Ourcq, entre Bobigny et Pantin, aux rives des fleuves de Roumanie, de Pologne, de Bulgarie, nous côtoyons ces gens que, dans le métro parisien ou dans les rues, nous évitons soigneusement de regarder. Les Roms, les romanichels, les tziganes, ceux qui nous qualifient de « gadjos », ceux dont on se méfie - à juste titre parfois, foin d'angélisme ! - ceux qu'on ne plaint pas souvent, sauf, à la rigueur quand de petites mains, toutes petites, se tendent vers nous pour nous soutirer une pièce ou deux.

Véronique Pierron nous introduit dans un monde haut en couleurs, qui réunit les sans-abris, les nomades roms, les pêcheurs des bords du canal, les mafieux exploiteurs de mendiants par obligation. Dans ces cahutes dignes des favelas de Rio ou des bidonvilles d'autrefois de l'autre côté du périph', nous découvrons des hommes et des femmes hauts en couleurs qu'on adorerait voir sur l'écran, double-mètre brésilien noir amoureux d'une petite hémiplégique devenue auteure, secrétaire déchue en raison d'un syndrome Gilles de la Tourette qui lui fait prononcer des horreurs, une vieille gitane qui voit arriver les événements, un moine franciscain polonais qui n'a pas eu l'opportunité de revêtir la bure mais découvre une Vierge miraculeuse qui pleure de vraies larmes, un chef de village qui n'en peut plus des responsabilités, des enfants qui galopent, des mères qui les poursuivent : un vrai film !

Et soudain, des miracles viennent rendre la vie plus douce : de l'argent rentre, des rêves s'accomplissent, la vie devient apparemment plus facile. Rêve ou piège ? Chacun jugera...

Un livre un peu fou, déjanté, plein de fantaisie, de drôlerie, de réflexions judicieuses sans prétendre être d'une immense portée philosophique, un rythme qui emporte le lecteur comme les sambas de Juno, le grand brésilien amoureux d'une toute petite femme sans jambes.

Un très bon moment de lecture ! J'aurais juste aimé savoir comment l'auteure a réussi à pénétrer ce monde des Roms, pas si accessible, et comment elle connaît si bien le portugais. Mais ce ne sont que les questions d'une lectrice curieuse...

Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour cette découverte.
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