A y songer, ce sont les périls qui toujours jalonnent notre traversée de la vie.
Au soir de cette journée de marche, je fais halte aux abords d'un temple de montagne appelé Musa-dera.
Sur ma couche frustre, souffle le vent automnal, plus pénétrant au fur et à mesure que s'avance la nuit. J'ai le sentiment que, sans que je m'en sois aperçu, plus rien n'a à voir avec la capitale.
Je n'ai jamais aimé a prospérité que connurent Kin et Chô, puis leurs descendants pendant sept générations. L'unique chose à quoi j'aspire, c'est le logis aux cinq saules de Tô Sen. Pourtant, j'hésite encore à vivre dans une hutte de branchages au fond des montagnes: demeurant, non sans inconséquence, aux abords de la capitale, je parcours au côté du commun des hommes le chemin de la vie. Comme on l'a dit: "Mon corps hante la cour et la ville, mais mon coeur s'est retiré du monde."
Bien que mon âge approche la moitié d'un siècle et que sur mes tempes le givre peu à peu répande sa froidure, nulle affaire ne me retient et je passe vainement jours après jours; bien plus, j'en suis à ne savoir fixer le lieu où m'établir pour le reste de ma vie. Aussi me revient à l'esprit, avec toute sa poignance, ce qu'écrivait Haku Rakuten: " Mon corps ressemble au nuage flottant, mon chef est pareil au givre."