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Critique de topocl


Une brève histoire de l'égalité

Pour parler des inégalités, entre les classes sociales comme au niveau planétaire, qu'il s'agisse d'inégalités  de pouvoir, de propriété ou de revenus, Piketty commence à réfléchir au choix des indicateurs.

Dans une perspective historique, il rappelle à quel point les inégalités ont globalement régressé à tous les niveaux à l'échelle du XIXème, XXème et XXIème siècle, toujours sous la pression des luttes sociales et politiques, en commençant par les aspects éducatifs et de santé.

Le XIXème siècle est l'apogée de l'injustice et de la colonisation, c'est là que commencent la division internationale du travail et l'exploitation débridée des ressources nationales et humaines.

Le XXème siècle tout en poursuivant cette démarche, procède peu à peu jusque  dans les années 80 à « la grande redistribution » : par la mise en en place du droit du travail et du suffrage universel, et de la décolonisation ( avec son poids d'injustice qui a été le creuset de nouvelles inégalités).

Après 80, c'est la fin des Trente Glorieuses. La coalition égalitaire et  la mobilisation populaire s'affaiblissent. La mise en place de la libre circulation des capitaux, des biens et des services  favorise la régression de l'État social  sans contrepartie  sociale ou environnementale et amène une ré-augmentation des différences de propriété et de revenus. S'installe un  néocolonialisme au bénéfice des plus riches.

Piketty voit la nécessité de reconstruire un récit et propose des pistes pour un "socialisme démocratique, participatif et fédéral, écologique et métissé", s'appuyant notamment sur
Le revenu
– progressivité de l'impôt
– revenu de base généralisée
– garantie de l'emploi
La démocratie
- partage du pouvoir économique au profit du participatif,
- libération des partis politiques et de médias vis-à-vis du capital
- lutte contre les discriminations sous toutes leurs formes (sources de reproduction permanentes des inégalités), sans figer les identités.
La propriété
-redistribution de l'héritage
La sortie du néocolonialisme
- ouverture au Sud  par la modifications des traités et accords internationaux.

Cette évolution, inéluctable dans un monde qui vit d'une façon politiquement et écologiquement insoutenable, devra s'appuyer sur une forte mobilisation et un rapport de force. Les catastrophes naturelles à venir ne pourront qu'être un puissant levier pour qu'une mobilisation citoyenne initie  l'indispensable abandon des postures capitalistes et nationalistes.

Voilà un résumé très bref et condensé de ce bouquin de 350 pages, qui réussit le tour de force d'être extrêmement dense et riche, et parfaitement lisible, s'appuyant sur de nombreuses références, études, graphiques et leurs explications. J'ai lu que cette synthèse résume ses deux livres "majeurs" : le Capital au XXIe Siècle et Capital et Idéologie. C'est une vulgarisation parfaitement réussie de l'économie-monde telle qu'elle nous mène droit au gouffre, et telle que Piketty propose de l'en détourner : ce n'est pas sans raison que son livre s‘appelle Une brève histoire de l'égalité - et non pas de l'inégalité.

L'intelligence à la portée de tout un·e chacun·e, quel beau cadeau !
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