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Critique de karineln


« Si, si, je vous assure insiste Barbara. N'ayez pas peur d'avancer. Si vous tombez, vous vous relèverez. Un chemin se réajuste selon ce qu'on a appris de la chute ou de la réussite. le pire, c'est le surplace. L'immobilisme, c'est la mort. Vous pouvez avoir confiance en vous, Ninon, vous êtes équipée pour interpréter la partition de votre vie. »
C'était un deuxième roman attendu, attendu parce que deuxième après un premier particulièrement touchant ; attendu parce qu'un virus a suspendu et retardé la sortie du livre et son voyage parmi les lecteurs des 68. Pour tout dire, je n'arrive pas à écrire autrement ce billet ; autrement contextualisant la découverte de cet ouvrage. Son autrice nous a livrés quotidiennement un billet d'humeur durant cette période trouble que nous avons tous traversée comme nous avons pu. La tendresse tantôt espiègle, tantôt piquante, toujours incroyablement proche, de sa vision partagée sur réseau m'a fait un bien fou, l'effet d'une brise marine après quelques heures sous soleil brûlant, ou l'air matinal du petit matin humide qui sèche sa rosée au soleil levant…Les comparaisons sont bien printanières, et pour cause, sans doute ainsi provoquées par l'élégance d'un ton léger mais non naïf, l'élégance d'une pertinence qui n'a pas à faire la leçon et que l'on devine facilement dans le partage des silences et des ironies. Bon si je continue, je vais finir par écrire une chronique sur le journal de confinement !!! Il m'est pourtant impossible de ne pas tisser un lien. Car la tendresse, ah la tendresse…Vous savez la discrète, celle qui n'a pas besoin de se dire, d'être soulignée, de s'annoncer tambours battants, celle qui ne prophétise pas, juste elle se donne, s'incarne et s'immisce dans les gestes les plus anodins, singuliers ou quotidiens, celle qui inclut la poésie à chaque minute des jours et des nuits, celle qui pense mais se fout d'avoir raison, celle qui réfléchit bien mais n'a nul besoin de s'attirer les lumières de la reconnaissance, l'authentique ! Cette tendresse immédiate est reine dans ce roman et y démontre toute sa palette. Place alors à l'imperfection des coeurs, la vérité toute nue et sincère de nos coeurs tremblants, et tellement faillibles, heureusement faillibles.
Le roman est choral et nous invite donc à suivre des personnages, des principaux et des secondaires tout aussi importants. On retrouve le style direct, on ne transige pas, la plume est animée par l'exigence de la sincérité et ne supporte pas le leurre ni la mascarade. Les personnes y sont comme elles sont et oeuvrent dans leurs chemins distincts à s'élever, à gagner toujours plus d'autonomie en faisant tomber les défenses, les arrangements et lâchetés. de fait et très naturellement ce roman nous parle, nous convoque, nous appelle et exigerait de nous la même transparence puisque nous voilà accompagnés et soutenus. Ce devrait être une revendication, une vérité à défendre et protéger : tous des coeurs imparfaits ! Nous regretterions presque à la fin de la lecture qu'ils ne se dévoilent pas plus dans nos existences respectives pour traverser ensemble toutes les épreuves, des plus stupides ou plus dramatiques qui nous attendent encore.
Ce livre est à l'instar d'une chanson d'Anne Sylvestre ou de Delerm une ode aux gens qui doutent mais tâchent, toujours, même bancales, de faire au mieux, sans réclamer les projecteurs, dans la protection des ombres de la réserve. Et puis il y a Prevert, Barbara…pour le coeur imparfait de brestoise…
J'aurais presque envie de brandir ce roman, à la veille d'un « déconfinement » presque plus effrayant que le pendant inverse qui a précédé, oui de brandir ce livre comme une nécessité, un mode d'emploi, un guide pour nous rappeler comment nous sommes, et sans doute plus nombreux qu'on ne le croit, qu'on ne le voit (et les masques ne vont rien arranger hein ??!). Ce roman m'a rassurée à la façon des lignes journalières des deux derniers mois : nous sommes imparfaits mais perfectibles et surtout, surtout, nous sommes tous des coeurs assoiffés d'affection lesquels lorsqu'ils se joignent, s'écoutent et s'acceptent peuvent tracer de très jolis chemins qui profiteront à beaucoup.
Merci Madame Gaëlle Pingault !
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