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Critique de LeCombatOculaire


Clarissa Pinkola Estés, diplômée en ethnologie et en psychologie clinique, et surtout et avant tout une conteuse remarquable, qui a su aller fouiller dans les méandres des histoires traditionnelles, initiatiques, fabuleuses, relayées en tous temps de façon souvent orale, et donc parfois déformées au fil du temps. En fin de livre, surtout, elle parle de ce savoir-faire presque perdu, celui d'aller rechercher dans les origines et de dépouiller tout contenu culturel de la censure drastique, effectuée souvent au nom de la religion, de la pudeur - ou de l'incompréhension. le conte dans son essence porte des messages hautement significatifs mais toujours très symboliques et archétypaux. Les archétypes constituent ce que l'on pourrait appeler un ensemble d'instructions psychiques qui, à travers le temps et l'espace, viennent apporter leur sagesse à chaque nouvelle génération. Elle effectue en cela le même travail que les frères Grimm en leur temps, et nous apporte quelques versions de ces contes, plus brutes, plus vraies, plus nues, plus sauvages, venues de toutes les parties du monde, de toutes les cultures, et qui parleront pourtant à toutes les femmes, au plus profond.

Outre cette facette de conteuse, l'auteure est aussi une guérisseuse, une sage femme qui, par le biais de la psychologie de l'inconscient, des symboles, des mythes et des archétypes, va permettre aux femmes de faire connaissance avec leur vrai soi, leur âme ou leur essence, va leur permettre de défricher un terrain trop bien adapté aux convenances masculines et culturelles, et donc de renouer avec leur nature sauvage, indomptée, pure - La Femme Sauvage.

Nous parvenons donc au cœur même de l'ouvrage, qui est cette idée de la femme immortelle, intemporelle, vieille, sage, protectrice et bienveillante, qui pousse parfois dans nos retranchements pour mieux nous permettre, à nous les femmes, de s'épanouir et de se défaire de toutes sortes de fardeaux, de panser des blessures ancestrales et de comprendre ce qui se passe à l'intérieur même de ce corps que nous avons encore besoin d'accepter, d'apprivoiser, de comprendre, de chérir et de prendre soin, ce temple sacré. Que ce soit par le biais des contes, des rêves, de la psychologie, cette femme sauvage apparaît toujours au moment où l'on en a terriblement besoin. Par ailleurs, je tiens à préciser que de nombreuses jeunes filles et plus vieilles femmes m'ont conseillé ce livre à de nombreuses reprises, et que - sans surprise ? - je n'ai consenti à réellement m'y plonger qu'au moment où il ferait le plus de sens, où je serais prête, où je pourrais le mieux le comprendre, l'assimiler et entreprendre avec ferveur cette quête du moi.

Ce livre n'est pas seulement un recueil de contes, une analyse pragmatique et poussée, un essai sur la psychologie ou les symboles, c'est un vrai manuel de vie, une aventure enrichissante et salvatrice qui permet aux femmes de comprendre le pourquoi, le comment, l'être, les blessures, les rêves, et qui enseigne à faire rejaillir cette flamme créatrice, bouleversante, qui hurle de faire, d'agir, de parler, de chanter, danser, écrire, aimer, jouer, peindre, cultiver...! C'est un livre qui aime profondément, véritablement, inconditionnellement et universellement la femme, sans distinction de classe, de race, de privilège ou de culture.

Je peux dire sans me tromper que c'est un livre à remettre absolument entre les mains de toute jeune fille, femme, mère, grand-mère, de toutes celles qui ont des cicatrices, qui se sentent déprimées, oppressées, vidées, épuisées, dénigrées, de toutes celles qui ont perdu l'élan crucial de s'exprimer, d'être ce qu'elles sont, ce qu'elles veulent. Un livre intergénérationnel qu'il faut se passer sous les jupes, lequel donne envie de rire, pleurer, s'émerveiller, lever le poing, se rebeller, reprendre sa vie en main. Plus que jamais au cœur de l'actualité, même si le féminisme a toujours été une question vitale pour celles qui en sont au cœur, ce récit mérite d'être partagé, lu, relu, cité, étudié.

Et je remercie chaudement Clarissa Pinkola Estés d'avoir été, pendant un temps relativement long - puisque j'ai lu ce livre par étape, en prêtant toute mon attention aux répercussions qu'il a pu avoir le temps de ma lecture - la voix de cette Femme Sauvage, de cette louve, de cette mère ou grand-mère, d'avoir réussi à poser des mots justes, clairs, efficaces, sans fard, d'avoir su donner autant d'enthousiasme, d'élan et de courage tout au long des pages.
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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