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Critique de le_chartreux


Tout d'abord, je souhaitais remercier Babelio et les éditions Le Cherche Midi pour cet envoi « masse critique » tout à fait étonnant.
Ce roman édité dans la collection Cobra est un roman d'anticipation assez peu banal et goûtant au merveilleux. Il se place dans une forme d'allégorie, une situation hors du commun, comme tous les livres qui caractérisent cette collection particulière.

Quelques cinq siècles plus tôt, une poignée de survivants a réchappé du cataclysme engendré par les Hommes ; les guerres ainsi que les pollutions chimiques ou nucléaires ont pratiquement « nettoyé » de la surface de la terre toute trace d'humanité. Mais le remord, et surtout l'ennui de ne plus pourvoir observer ces « dangereux gesticulants » et s'amuser de leurs étonnantes capacités créatives surprit la grande déesse de la fertilité, de la terre, des eaux et de la végétation qui – dans un instant de faiblesse – autorisait cette poignée d'êtres humains à reconstruire une civilisation.

Et cette nouvelle humanité mue par une lucidité providentielle a retiré au sexe masculin ses anciennes prérogatives de pouvoir et ses anciens privilèges.
Les communautés nomades ont dès lors placé à leurs têtes des femmes.
Et ce sont des reines puissantes et craintes qui se sont octroyé la régence des grands royaumes du Nord. Sur ces terres septentrionales, les hommes doivent rester en retrait ou sont réduits en esclavage, travaillent au fond des mines, recyclent les vieux objets inutiles, contaminants ou dangereux en les jetant au fond des cratères volcaniques restés accessibles. Les mieux lotis sont servants ou gladiateurs et ce sont eux à qui on accorde, s'ils restent vivants, la possibilité de s'accoupler pour engendrer les générations futures.

Sur cette terre désolée en lente reconstruction subsistent encore quelques stigmates des siècles passés ; il s'agit des ruines des édifices les plus solides, d'antiques châteaux de pierre ayant survécus à plus d'un millénaire, des zones polluées pour l'éternité, des maux incurables apportés par des sols ou les eaux, l'alimentation ou un air malsain, quelques objets dont certains sont devenus des breloques sacrées et d'autres, dont on ignore le sens, des mystères… Certains livres aussi ont survécu mais ils sont très rares et un peu redouté car ils étaient les vecteurs d'un savoir qui, on le sait, poussa à la Chute.

Alors, dans ce grand théâtre qu'est la Vie sur la Terre, se jouent et se rejouent toujours les mêmes tragi-comédies écrites par les dramaturges pour les siècles des siècles pourvu que soit respectée la règle des trois unités, de temps, de lieu et d'action. Alors peuvent s'écharper les hommes entre eux tandis que les personnages tragiques issus des récits mythologiques de l'antiquité, comme Phèdre ou Andromaque, font leur marché.

Une petite communauté de nomades – les Britannia – sillonne l'Europe cherchant ça et là sa subsistance, partageant connaissances et articles de première nécessité au hasard des rencontres ; dont Milo, un jeune homme d'ascendance trouble qui prendra soin d'une jeune fille appelée Faith, lesquels en grandissants vont se rapprocher amoureusement.
D'errances acceptées en bannissements subis, ils côtoieront des théâtreux et des chamanes, des reines sombres et des esclaves brillants tout en se rapprochant par circonvolutions successives du sacré et du divin. Leurs ailes fonderont-elles à l'approche du soleil ?

Un livre mystérieux qui pourra plaire ou déplaire mais qui ne laissera pas indifférent.
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