AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marti94


Simon Pitaqaj est un auteur, metteur en scène et comédien né au Kosovo, de langue maternelle albanaise. Son histoire est passionnante et il ne cesse de la raconter en questionnant ses origines et en travaillant sur sa culture et ses racines, les Balkans. Il est d'ailleurs le fondateur de la Compagnie LIRIA (« liberté » en albanais) qu'il a créée au lendemain de la guerre d'indépendance du Kosovo, en 2008.
«Nous, les petits enfants de Tito» est sa première pièce de théâtre et pour une première elle est vraiment de grande qualité. D'ailleurs, le texte a été soutenu par le CnT (Centre National du Théâtre) et a obtenu une aide à la création au printemps 2016.

« Nous, les petits enfants de Tito » est un texte assez bouleversant. On y trouve une dualité, entre géopolitique et histoire personnelle d'un jeune homme qui émigre en France. Ce garçon, c'est Simon Pitaqaj. Il raconte son pays qui a implosé dans un conflit désastreux, une guerre civile et fratricide. Ce pays, c'est l'ex-Yougoslavie.
Si la pièce, monologue poétique, évoque peu Josip Broz dit Tito en tant que personne, cette référence n'est pas neutre car ce dirigeant a marqué l'histoire et les habitants de son pays.
En faisant un petit retour en arrière dans le passé on comprend mieux la fierté que cet homme représente pour les jeunes. En 1941, quelques mois après l'invasion de la Yougoslavie par les Allemands et les Italiens, Tito va donner le signal de la révolte. Chef de la Résistance, il libèrera son pays en 1945. Il sera alors élu à la tête de l'État et fondera après-guerre le régime communiste yougoslave, dont il restera le principal dirigeant jusqu'à sa mort en 1980.
Simon Pitaqaj décrit les générations qui lui ont succédé, évoquant ce qu'il a vécu. Tout a commencé dit-il quand enfant, il vivait dans un petit village. Ce qui est marquant c'est la simplicité avec laquelle l'auteur rappelle la difficulté d'être albanais au Kosovo et la haine des Serbes alors que le sujet est complexe, ce conflit étant à l'origine de la guerre en Yougoslavie. Car l'opposition entre serbe et Albanais n'est pas récente. La première souffrance racontée est cette haine.
Contraint à l'exil, Simon adolescent va se réfugier en France pour échapper aux massacres qui endeuillent son pays. Émigré, il va rêver de Paris et de la tour Eiffel mais grandir en banlieue parisienne, dans une cité de Seine-Saint-Denis. A la première personne, il se raconte et raconte l'histoire des réfugiés et de tous les migrants d'aujourd'hui. Il parle de son identité, de sa différence. Pour ses copains, Ahmed, Moussa, Rachid, Simon est à la fois serbe, croate, macédonien, bosniaque, monténégrin mais ni Kosovar et encore moins albanais. Simon, c'est le Yougo.

L'histoire personnelle et l'histoire collective racontées dans ce monologue autobiographique sont ponctuées de silences qui donnent une intensité à cette pièce de théâtre qui ne demande qu'à être vue sur scène.

Ce texte m'a été offert par le Square éditeur dans le cadre d'une opération masse critique et je les remercie de tout coeur.


Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}