AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marti94


On peut dire que Véronique Pittolo n'a pas froid aux yeux, elle se lance dans un roman dont la particularité est son originalité. C'est vrai sur le fond et sur la forme.
Dans ce roman qui ressemble plutôt à un récit ou à un journal la narratrice va "A la piscine avec Norbert". C'est donc l'histoire d'un lieu et d'une relation, c'est aussi une façon de raconter le monde actuel comme elle le perçoit.
Certes, les événements qu'elle évoque datent un peu puisqu'il s'agit des gilets jaunes, de l'incendie de Notre-Dame, de la réforme des retraites et de la grève des transports de 2019. Pour autant, cela ne m'a pas vraiment dérangée puisque j'ai considéré ce texte comme un kaléidoscope psychosociologue, en témoignage d'une époque.
L'époque est celle du développement des relations virtuelles et c'est sur Meetic que la narratrice rencontre tous ses amants. Elle est célibataire sans enfant, approche la soixantaine et fait tout pour garder la forme (ce qui explique la piscine) car elle est addicte au sexe. La bite de Norbert (qui semble un peu balourd) lui convient bien d'autant plus qu'il l'accompagne trois fois par semaine à la piscine des Amiraux dans le 18ème arrondissement de Paris, un exutoire qui lui permet aussi de garder la fesse ferme.
Ses fesses elle les utilise régulièrement avec Vincent, Axel, Giorgi, Django, JeanGé, Grégoire, Brian, Étienne… des aventures individuelles trouvées sur Meetic. Dans un langage cru et drôle, on a le droit à tous les détails, les bandeurs mous ou éjaculateurs précoces entre deux performances périlleuses.
Mais elle revient toujours à Norbert parce qu'avec lui elle discute beaucoup, même s'il est peu réceptif à ses préoccupations socio-économiques qui la rattachent à la vraie vie. Il faut dire que notre héroïne passe son temps à divaguer, à refaire le monde. À la piscine, elle voit bien que les douches publiques ne sont pas accessibles à ceux qui en ont le plus besoin parce qu'ils sont à la rue, elle s'interroge aussi sur l'argent brassé par les actionnaires et les patrons du CAC 40. Elle craint pour sa retraite de 900 et quelques euros et je la comprends. D'ailleurs, je trouve que ce qu'elle dit est juste.
Ce qui est surprenant, c'est que sous ses airs de blanche, parisienne gauchisante qui part souvent en vrille, elle est sympathique et je n'ai pas lâché ce livre intriguant.
C'est vrai que l'écriture de l'autrice dérange parfois (ce qui m'a le plus énervée c'est sa façon d'abuser des parenthèses) mais, a contrario, elle nous entraîne sur un terrain sinueux qui permet aussi de sortir de sa zone de confort comme dans la littérature expérimentale.

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre d'une opération masse critique.


Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}