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Critique de Heval


Le titre ne m'aurait jamais attiré. L'autrice, que je ne connais pas, non plus. Heureusement, il existe Babelio pour me faire découvrir des nouveautés car oui j'ai beaucoup aimé ce livre qui raconte l'histoire vraie d'une syndicaliste FO qui a été figurante dans le film de Stéphane Brizé (En guerre avec Vincent Lindon) que j'avais beaucoup apprécié; celle de Letizia Storti, fille d'immigrés italiens, qui aimait la vie, les gens, son travail; celle d'une ouvrière digne qui abhorrait l'injustice et luttait contre le cynisme d'un système économique qui ne finit plus de penser l'humain comme une variable d'ajustement. Anne Plantagenet raconte Letizia pour la sortir de l'anonymat que la presse de caniveau réserve toujours aux petites gens. "Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans" ont-ils titré; ôtant ainsi à Letizia son nom, son identité et son histoire. Alors l'autrice raconte. Et c'est triste. Émouvant. Rageant. J'ai éprouvé une peine immense pour Letizia et j'ai vomi ma bile contre toutes celles et ceux qui, dans l'entreprise UPSA, à Agen, lui ont fait la misère. Les cadres, les putains de cadres, qui ruinent, au nom de leurs putains de job, la vie de salariés, d'ouvriers qui ont sué, trimé pendant des années pour la pérennité d'une entreprise qu'il pensait la leur. J'ai ragé contre ce monde économique et social qui chante la dignité du travail pour attacher les individus à "leur" entreprise au point qu'ils n'arrivent plus à se définir autrement que par leur fonction productive, au point qu'ils se confondent avec leur outils de travail, au point qu'ils se donnent la mort quand on le leur ôte. J'ai insulté ce monde économique qui a la dignité du travail à la bouche mais qui n'a pas de mal à piétiner, cracher, humilier, réprimer ceux-là même qui croient profondément en son mythe. J'ai vomi ce système qui fait du travail une raison d'être, la seule raison d'être, et qui, pourtant, la détruit sans frémir pour toujours plus de fric. Letizia, elle, n'a pas supporté. Elle est tombée. Au point d'envisager un aller sans retour. Et elle a réussi. Elle est partie. Définitivement. Et c'est un crève-coeur. Une immense tristesse. C'est à lire. Absolument.
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