AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jeff2u12


Dans le Chantier (traduit ailleurs « La fouille »), texte essentiel de Platonov, l'ironie - par l'excès jusqu'au ridicule des directives révolutionnaires - est très en retrait au profit d'une fable pessimiste et concluant sur la mort probable du communisme, malgré tout toujours tempérée d'une grande sollicitude poignante pour l'utopie qu'une génération socialiste a aimée et voulue, et reflet du sentiment angoissé de l'auteur concernant l'avenir de l'URSS.

L'écriture de Platonov est comme toujours magnifique, parfois complexe et surprenante, mais confirme l'existence d'un Style (avec un grand S) au sens de ce qu'en disait Céline : pousser jusqu'à un certain niveau, une sorte de musique se dégage du texte… et «c'est rare, le style, il y en a deux ou trois par génération ».

Dans cette édition, traduit par Louis Martinez sur les directives et recherches de Natalia Kornienko, professeur à l'Institut de littérature Gorki de Moscou (très intéressante postface de 1996 sur « La destinée posthume du « Chantier »), un effort très important a été apporté pour mettre en place le roman au plus près de ce que Platonov a réellement écrit, en restituant certains passages censurés, en supprimant un épilogue factice ajouté dans les années 60, et même en supprimant certaines interversions des noms Lénine et Staline !!! Publié dans sa version définitive en 1995 à Moscou, la traduction n'a pas tardé, preuve de l'importance que Platonov a pris à l'ère post-soviétique.
Que du bonheur comme celui que j'ai éprouvé ici, c'est tout ce que je vous souhaite.
Me voici enfin prêt à enfourcher Force du Prolétariat pour trouver en compagnie de Dvanov et Kopionkine « la génération spontanée du socialisme » à Tchevengour, la cité utopique « où seul le soleil travaille » !

PS : la note ne concerne pas Roman Technique, intéressant malgré tout mais partiellement rédigé, en cours d'écriture et inachevé. Apparemment, un manuscrit confisqué en 1933 sur ordre de Staline et retrouvé lors de l'ouverture des archives (littéraires) du KGB début des années 90.
Commenter  J’apprécie          42



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}