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Critique de PaulMartin


Ecrit dans la foulée de l'état d'urgence de novembre 2015, le livre consacre une large place aux nouvelles lois sécuritaires en ce qu'elles restreignent les libertés, l'expression démocratique et font le jeu de qui vous savez...

L'ouvrage débute par une assommante logorrhée de niaiseries : « …certitude que la politique est d'abord une poésie, une poétique où l'espérance retrouve l'énergie… » ;
« ce nous où s'inventera un espoir commun, dans la délibération collective » ;
« échapper aux fatalités du présent (…) en l'enchantant par la beauté et la bonté… »,

et atteint le point Godwin dès la première page : « …idéologies totalitaires dont les crimes sont une provocation à la haine afin de nous entraîner dans une guerre des mondes d'où toute civilisation sera bannie » ;

à la 3e, il annonce déjà en filigrane le grand remplacement : « les minorités actives dont sortiront, demain les majorités inventives, ce divers qui fait l'exceptionnelle pluralité de la France, (…) de ses cultures… » ;

et use d'arguments éculés pour ne pas contrôler les frontières : « cette société ouverte que les terroristes veulent fermer ». L'Europe est en partie malade d'être trop ouverte, mais réduire l'ouverture ferait le jeu des terroristes, continuons donc à nous remplir du monde, nous ne sommes vraiment nous-mêmes que dilués dans l'universel. Idéaliste indifférent à la notion de limite, pour lui seuls les principes comptent, jamais le nombre. C'est en cela qu'il est un irresponsable.

Plenel se permet un parallèle foireux entre la lutte contre le terrorisme depuis 2015 et la guerre contre l'Allemagne cent ans plus tôt, en rappelant que le slogan « vous n'aurez pas ma haine » est inspiré des écrits de Romain Rolland de 1915.
C'est oublier que, contrairement à notre rapport aux Allemands, nous n'avons aucune raison de faire la paix avec les islamistes. Bien sûr, il dénonce un supposé élargissement de l'anti-terrorisme à l'ensemble des musulmans, comme s'il n'existait aucun rapport entre leur nombre et celui des crimes qu'ils commettent, et plus largement aucun entre le volume de l'immigration et la délinquance.
Ce n'est pas ce volume qui est en cause selon lui mais notre intolérance à ce volume. Il peut donc augmenter continuellement et ceux qui s'y opposent être traités continuellement d'identitaires nauséabonds au discours anti-républicains.

Avec ses raisonnements, Plenel aurait sans doute traité de fachos d'extrême droite les Amérindiens qui luttaient contre le nombre excessif de migrants anglais débarqués sur leurs côtes, parce qu'il faut être « inclusif » et pratiquer le « vivre ensemble ». Les Amérindiens sont passés sur leur sol de 100% à 2% de la population en trois siècles, mais ce n'est pas grave, le grand remplacement reste une théorie complotiste, le plus important c'est d'être fidèle aux valeurs d'accueil et de fraternité.

Traumatisé par les projets de déchéance de nationalité, l'auteur accuse Sarkozy et Hollande d'avoir franchi « la barrière symbolique qui sépare la nation républicaine des nations identitaires » et de rendre ainsi « possible la déchéance de la République ».
Derrière ses allures de militant chevronné, solide et droit dans ses bottes, on découvre soudain une fébrilité de jouvenceau affolé et on croit entendre Camille Desmoulins sonnant le tocsin d'une Saint-Barthélemy des patriotes… contre une mesure déjà en vigueur depuis plus de deux siècles et dont la modification discutée ne changerait pratiquement rien.

Là où Plenel se révèle réellement pertinent c'est plutôt dans sa critique de l'évolution de l'UE qui dépossède de sa souveraineté l'Etat qui lui-même dépossède déjà de longue date « le peuple souverain » en prenant trop peu en compte ses revendications, ce qui conduit in fine à un accroissement des écarts de pouvoir et de revenus.
Pertinent aussi dans sa critique de l'Arabie Saoudite et de ses liens avec l'Occident, et même intéressant dans ses propositions d'organiser différemment le travail.

Finalement, hormis le chapitre 5 « Notre Commun », c'est un bréviaire pour neuneus ou pour ados qui découvrent la vie. Ses litanies pourront faire office de somnifère aux autres.
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