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Critique de Roadreader


Tout écrivain est également un citoyen de son pays, spectateur des troubles contemporains qui secouent la société dans laquelle il vit, mais là où un citoyen lambda va réagir un postant des commentaires sous le lien d'un article en ligne ou d'une vidéo YouTube, l'auteur lui va user de sa plume pour livrer son opinion au reste du monde.

C'est l'entreprise à laquelle s'est attaqué Robert Pobi, un auteur qui a déjà livré deux thrillers solides mais où la critique sociale n'était pas aussi présente. Avec son nouveau polar, plutôt un thriller d'action avec la présence du FBI, l'auteur égratigne sévèrement la société américaine et son culte de la violence. Au point parfois de négliger le déroulement de son enquête.

Mais commençons par les personnages. le héros s'appelle Lucas Page et c'est lui, avec son ton acerbe et son mépris affiché pour ses compatriotes, qui va endosser le rôle de porte-parole du camps de la raison. Il est toujours agréable de suivre un enquêteur au ton acide et qui porte un regard désabusé sur le monde qui l'entoure même s'il faut reconnaître que dans la réalité ce professeur d'université, dont l'auteur ne clarifie jamais s'il est vraiment autiste ou simplement pétri d'orgueil, ferait un piètre défenseur des lois contre le port d'armes. Cela étant ses interventions et sa diatribe contre le port d'armes sont toujours plaisantes à lire. Signalons aussi que l'auteur a le souci de mettre en place une intrigue non manichéenne où les torts sont partagés même si l'on comprend très vite dans quel camp vont ses affinités politiques.

À côté de cela son personnage est le seul suffisamment développé avec une enfance difficile, un background intéressant mais qui fonctionne comme une pièce rapportée et n'apporte pas grand chose à l'oeuvre. La famille recomposée du héros servira de faire-valoir émotionnel sans que beaucoup de profondeur ne lui soit apporté. Les autres personnages sont développés au minimum, mention spéciale à l'agent Grover Graves qui ne semble pas avoir d'autre but que de servir de tête de turc à notre génie misanthrope. Seul l'agent Whitaker tire son épingle du jeu et parvient à créer un lien avec Page.

Comme annoncé en introduction le discours social de l'auteur prend progressivement de plus en plus de place dans l'intrigue jusqu'à ce qu'il soit impossible de distinguer l'un et l'autre au détriment d'une intrigue policière qui perd en efficacité ce qu'elle gagne en discours social. le tout reste fluide et très rythmé mais, sans doute débordé par l'ampleur du sujet, l'auteur se voit obligé de raccrocher les wagons de l'enquête pour que le tout tienne en place et c'est un peu dommage. Si l'auteur était parvenue à équilibrer son enquête et son discours social on aurait là un polar parfait pour ce début d'année.

Cependant inutile de bouder son plaisir, ce thriller se dévore sans même que l'on s'en rendent compte et confirme Robert Pobi dans le rang des grands auteurs de polars.
Lien : https://culturevsnews.com/
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