AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CDemassieux


Ce livre vaut pour l'Histoire : c'est un livre d'Histoire ! Mais il vaut aussi, et surtout, pour la sorte de tragicomédie qu'il met en en scène.
Alors que la France vient de tomber, que le vainqueur d'hier – Pétain – a courbé l'échine devant l'Occupant, une vieille idée d'avant-guerre refait surface : rapporter la dépouille de l'Aiglon – alors à Vienne, dans le caveau des Habsbourg – aux Invalides, près de son père dont les cendres avaient été transférées de Sainte-Hélène à Paris un siècle plus tôt.
Mais à présent que les armées d'Hitler ont pris durablement leurs quartiers sur le sol français, ce geste va prendre une tout autre ampleur. du côté de Vichy, il va opposer le vieux maréchal, imbu de lui-même, et Laval, l'ami des Allemands, dans une guerre des chefs aussi pathétique que stérile, puisque c'est l'Occupant qui commande en réalité ; de l'autre côté, ce retour de l'Aiglon servira le fantasme d'Hitler, comme l'écrit l'auteur, lequel se voyait en nouveau Napoléon.
Ainsi, Georges Poisson soulève le voile sur ces personnages, sans envergure pour beaucoup, qui se vautrent dans des machinations politiques à la fin de cette année 1940, annonciatrice de calamités.
Ce qui aurait pu être une fête nationale prend une tournure sombre, dans cette nuit glacée où le duc de Reichstadt, autrefois roi de Rome et empereur – pour une durée de quinze jours ! –, traverse Paris pour rejoindre sa dernière et définitive demeure, encadré par des soldats ennemis. Ce retour est une blessure cruelle infligée à la France plutôt qu'un cadeau. Les parisiens auront ensuite l'occasion de voir son cercueil, mais le coeur n'y est pas : ils ont bien d'autres préoccupations.
Quant à ce jeune homme, mort à l'âge de 21 ans en 1832 à Schönbrunn, tout se passe comme si le « malheur l'avait poursuivi toute sa vie et au-delà de sa mort. Il avait tout raté : sa brève existence, qui le fit déchoir du trône à l'exil, sa mort loin de son pays, sous un nom emprunté, son retour en France par la volonté de l'ennemi occupant notre territoire, sa tombe enfin, vouée à l'obscurité, l'oubli et l'indifférence. »
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}