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Critique de motspourmots


Ce premier roman, assez intrigant aurait pu s'intituler "A travers lui" plutôt que "Avec lui", ce qui aurait mieux défini le déséquilibre de la relation amoureuse qu'il relate. Ou encore "Autopsie d'une rencontre amoureuse", tant le style froid et distant se met au service d'une dissection chirurgicale de ce qu'il advint du coup de foudre entre Marie et Paul. Laissant le lecteur un peu à distance, pourvu d'une légère sensation de malaise, mais surpris et intéressé par cette façon de faire.

Il y a donc un coup de foudre. Entre Marie, 38 ans, journaliste et Paul, la quarantaine, enseignant et critique d'art. Magie d'une rencontre, papillons devant les yeux, impression d'avoir enfin rencontré son âme soeur. Quelques semaines de totale félicité. Pendant lesquelles s'esquisse déjà le déséquilibre à venir. Marie gomme progressivement sa propre personnalité en calant sa vie sur celle de Paul, en ne vivant plus qu'en fonction de lui. Paul est un indépendant dans l'âme au passé sentimental encore mal digéré. Et voilà. le passé s'immisce peu à peu dans cette relation qui, pour être neuve n'en était pas vierge pour autant. Paul, blessé dans son orgueil par son récent divorce voit en Marie une façon de se rassurer, autant à ses yeux qu'à ceux de son entourage. Chacun voit l'autre comme il le souhaite. Progressivement, les vrais traits de caractère affleurent, les illusions tombent plus ou moins vite selon que l'on se ment à soi-même ou que l'on se voile la face.

"On voit ici que l'amour de Paul et de Marie évolue. Paul a des mots plus tranchés. Il a des paroles dures. Il aime que Marie soit là, avec eux ; en même temps, elle n'est là que parce que sa femme l'a quitté. Marie est, d'une certaine façon, le symbole de son échec."

L'auteure décrit parfaitement bien le processus d'aveuglement et d'asservissement, le besoin de Marie de s'incarner en autrui, d'être aimée et d'exister par les yeux de l'autre. Elle se laisse dicter par Paul jusqu'à la façon de se coiffer ou de s'habiller. Ce dernier a des traits de pervers narcissique, sans que cela soit clairement affirmé. Mais la relation devient toxique pour Marie. Et elle sait qu'elle ne pourra aller mieux qu'en apprenant à exister par elle-même.

C'est donc aussi l'histoire d'une reconstruction, d'un processus qui mène l'héroïne à s'émanciper. A la fin, "elle n'attend plus de l'amour qu'il l'écrive".

Un roman intrigant disais-je. Qui peut agacer par sa volonté de dépouillement. Mais qui laisse sa petite trace, preuve de sa singularité.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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