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Critique de MarcoKerma


1er roman qu'il écrit à 23 ans et qui recevra en 1932 le "Prix Eugène Dabit du roman populiste" (l'adjectif n'ayant sûrement pas le sens d'aujourd'hui), Sophie de Tréguier m'a, au début, intéressé et amusé, notamment par ses dialogues qui sont une traduction en français de dialogues en breton (et plus précisément en trégorois qui, selon Pollès, "abîme également le français et le breton" et " qui sait fort bien insinuer des choses méchantes"), ce qui apporte un peu d'originalité, d''humour et de cruauté. En effet, en breton le sujet principal du message est placé avant le verbe, ce qui fait que les personnages parlent comme Maître Yoda dans Star Wars (qu'on a bizarrement traduit par "la guerre des étoiles" alors que c'est "les guerres de l'étoile".. mais on est loin là de Tréguiers..).
Ensuite le livre m'a un peu impatienté, voire agacé, car l'auteur prend beaucoup de temps avant de nous présenter le personnage du titre du livre, choisissant de nous faire un portrait à l'acide des femmes (et aussi un peu des hommes, souvent alcooliques) de Tréguier (pas toutes, mais on a l'impression que c'est quand même la majorité) qui sont de vraies langues de vipère (pas sympa pour les vipères), pour rester poli, et puis il y a plusieurs passages qui me sembl(ai)ent être des digressions un peu "folkloriques", sans trop de lien avec le récit.
H.Pollès a semble-t-il vécu jusqu'à ses 10 ans à Tréguier puis y revenait chaque été et son roman me fait l'effet d'être le regard très très critique qu'un ado puis un jeune homme "qui a vu autre chose" ( sa famille est allée à Nantes quand il avait 10 ans) porte sur sa petite ville natale serrée autour de sa cathédrale. Je ne sais pas si beaucoup de Trégorois ont lu ce livre mais je pense que si sa tombe est à Tréguier, il ne doit avoir là-bas ni statue ni école portant son nom (Ernest Renan doit lui faire un peu d'ombre). le livre est d'ailleurs sous-titré, à l'origine, "moeurs de village". C'est vrai qu'à l'époque - moins aujourd'hui - Tréguier comptaient environ 3000 habitants, un très grand village quand même..
C'est assez loin dans l'avancée du récit que Pollès se met à décrire son personnage principal et j'ai de plus en plus apprécié. Comment, enfin, ne pas avoir d'empathie, de sympathie, pour cette Sophie dont le portrait se précise et dont on suit les pensées, les états d'âme, les rêve(rie)s, les émotions ?
Le style est assez alerte, audacieux voire, dans quelques cas, pas évident à comprendre. Il y a quelques (rares) passages qui m'ont semblé très réussis et la fin est assez forte.
C'est au final un roman plutôt réussi pour un jeune homme de 23 ans qui, semble-t-il, ne se remettra pas très bien de ce 1er succès.
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