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Critique de Tbilissi


Quand mes enfants sont rentrés à l'école j'ai constaté à quel point on peut se retrouver dépossédé de sa personnalité et devenir "la mère de..."
Ici, Suzanne c'est "la grand-mère de Frédéric Pommier".
Mais pas que.

Suzanne, c'est une femme née au lendemain de la première guerre mondiale, en 1922. Son père était un éternel optimiste, sa mère tout en contraste voyait tout en noir. Suzanne s'est forgé son propre caractère, avec un mantra tenant en trois lettres, "SQM" pour "sourire quand-même".
Suzanne a traversé les épreuves, et son existence parsemée d'épreuves (la seconde guerre mondiale, excusez du peu) et de deuils tragiques n'en est pas pour autant devenue morne.
Car Suzanne, elle aime la vie. Les rencontres, les voyages. Elle joue très bien au tennis, un peu moins bien du piano. Elle adore conduire, vite si possible. Même à 80 ans passés elle suit ses envies : une bière en terrasse au mois de janvier, une bouillabaisse à 23h ne lui font pas peur

Son petit-fils nous la raconte avec délectation.
Et au milieu de ce récit il distille des fragments de sa vie en ehpad, très courts et pudiques, mettant en lumière les mauvais traitements matériels (nourriture immangeable, volet cassé pendant des semaines empêchant de voir la lumière du jour, toilettes espacées et bâclées) mais surtout l'immense manque de prise en charge psychologique. Les soignants consciencieux et attentionnés n'ont pas le temps ni les moyens d'offrir décence et dignité aux pensionnaires, et de toute façon ils se retrouvent en burn-out ou remerciés par la direction.
C'est comme si toute la vie de Suzanne n'avait pas existé, et son essence même se retrouve réduite au néant.

En lisant ce livre je me suis dit que tout descendant contraint de placer un aîné en "établissement", comme il est pudiquement appelé ici, devrait écrire un tel récit sur lui. Pour que cette personne reste elle-même, et non "une personne âgée", ou pire, "la chambre 205".
Et ça fait réfléchir.
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