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Critique de lunaclero


Je viens de finir « Par le sang et par le feu » d'Isabelle Pons chez Ex Aequo éditions. Je l'ai lu très vite, moi qui ne suis pas une grande lectrice de polars. C'est le second roman de cette autrice. J'avais bien aimé le premier « Puits d'ombre ». Mais je crois que j'ai encore plus accrochée à celui-ci qui a eu sur moi un effet « tourne-page » puissant.
Cela commence par un fait divers : un couple de septuagénaires est assassiné dans sa maison gersoise au début du premier confinement. Ce double meurtre a-t-il à voir avec un hold-up sanglant commis par les Brigades rouges à la fin des années 70 ? La lectrice avertie que je suis l'a pensé puisque le roman commence par le récit anonyme d'une jeune Française incarcérée à la prison de Rebibbia à Rome pour avoir transporté une partie du butin. On comprend qu'elle est innocente et qu'on l'a trahie. le roman va osciller dans cette double temporalité, les années 80 et Rebibbia, la prison de Rome et le printemps 2020 aux environs de Cazaubon dans le Gers. Les voisines les plus proches des victimes, qui vivent dans une maison de vacances fréquentée par la communauté lesbienne affirment ne rien savoir du couple assassiné. Vraiment ? (Là, je ne divulgue rien, la question est posée dans la quatrième de couverture.) Dissimulée derrière les secrets et les mensonges, la vérité va bouleverser à tout jamais la vie de l'adjudant Magnard, chargé de l'enquête. Un flic, mal remis de son divorce, confronté aussi au harcèlement homophobe que subit Léo, son fils de quatorze ans et qui doit enquêter en plein confinement.
Si j'ajoute que je ne m'attendais pas du tout, mais alors pas du tout à la fin, vous commencez à avoir une petite idée du bouquin.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire. le suspense s'installe dès les premières pages et s'intensifie tout au long du roman jusqu'à sa chute imprévisible. L'intrigue est en effet magistralement construite, d'une justesse impeccable, huilée comme une horloge (quand on les huilait !). Mais ce n'est pas qu'un polar. C'est aussi un roman puissant, à la langue ciselée qui m'a émue souvent. Je pense que c'est parce que je me suis attachée aux personnages. le récit est à la troisième personne mais « Par le sang et par le feu » est une sorte de roman chorale qui fait saisir au lecteur les pensées et les émotions de personnages très différents et pourtant, chacun à leur manière, attachants. Je n'oublierai jamais, je pense, Nour, petite fille de trois ans et demi et ses deux « Mamies », Jocelyne et Marta, en couple depuis plus de vingt ans et qui vivent dans une yourte au fin fond du Gers, ainsi que Léo, jeune ado qui prend conscience de son attirance homosexuel, tout en étant confronté à un harcèlement violent.
Finalement, c'est ce que j'aime dans le polar, qu'il aborde les questionnements de son époque et qu'il me fasse entrer dans l'univers de gens dont on ne parle pas. Et la double temporalité du récit permet d'évoquer aussi, l'Italie des années de plomb, les jeunes lesbiennes du Governo Vecchio, la maison des Femmes de Rome et la prison des femmes, Rebibbia.
Bref, un roman riche, engagé, bien écrit qui se lit à toute allure.
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