AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de vibrelivre


Parmi les miens, Charlotte Pons, Flammarion
RENTREE LITTERAIRE


L'éditeur a dit: l'article, pas avant le 15 août. J'écoute l'éditeur et le remercie de m'avoir fait cadeau de ce livre.
C'est un premier roman, et il est prometteur. le sujet est prenant, voire captivant, et la construction est très habile. L'auteure dédie son livre aux habitants du 59, le département du Nord? mais l'action du livre doit se situer en Haute-Savoie, à Evian peut-être, là où la terre se défait, ainsi qu'une famille, dont la mère est en état de mort cérébrale. C'est aussi définitivement la mort de l'enfance de la narratrice.
le sujet donc: il est question d'euthanasie. Il s'agit d'euthanasier une mère, en l'occurrence la mère de la narratrice, qui est encore jeune, 63 ans. La mère est à la suite d'un accident dans un état quasi végétatif, et elle avait demandé qu'on la supprime s'il lui arrivait un jour d'être réduite à une vie de légume. Il est difficile pour le père et les enfants de prendre la décision qui s'impose, sauf pour la fille aînée, la narratrice, mariée et depuis peu mère d'un petit garçon, à qui la maternité récente pose des problèmes, et qui, à 18 ans, a fait un stage en gériatrie, a vu de près la déchéance, et en est restée bouleversée. le frère est bipolaire et la dernière, qui est beaucoup plus jeune, est lesbienne, vit en couple, et porte un enfant. le père est médecin et dit que si la mère est sortie du coma, c'est qu'elle veut vivre.
Le temps que l'état de la mère évolue ou involue, la narratrice retrouve les lieux de son enfance, et les membres qui ont formé sa famille, et elle se sent, malgré qu'elle en ait, étrangère, dehors et dedans. Elle revit des épisodes forts avec son frère, son complice quand ils étaient enfants, et sa soeur, et elle se remémore sa mère, souvent mélancolique, qui ne l'a pas aimée comme elle aurait voulu, ce qui expliquerait son malaise avec la maternité, et qui était plus proche de son amie que d'elle. Son amie (et l'auteure dédie son livre à ses amies très proches) qu'elle contacte à plusieurs reprises et qui, dans son soutien inconditionnel, lui remet certaines idées en place, lui disant qu'elle a eu de bons moments avec sa mère, et qu'elle peut donc penser à l'euthanasie. Mais veut-elle voir sa mère morte pour son bien à elle, ou pour le bien de son père?
Elle découvre la femme qui existe sous la mère, et des éléments nouveaux, que je tais, la font réfléchir à celle qu'elle a méconnue.
La construction: à chaque fin de chapitre, il y a comme un rebondissement, et avec et comme la narratrice, on balance entre espoir et courage, entre amour et distance, et on est déchiré par l'événement. le rebondissement fait qu'on reste attaché aux pages, on veut savoir, un autre rebondissement survient, et on ne lâche le livre que pour des nécessités qu'on veut telles.
J'ai encore ma mère, et ce que vit la narratrice, à la première personne, son "je" étant le mien, me fait penser à elle, à l'amour qu'on a pour sa mère, à la connaissance et méconnaissance (voulue) que j'ai d'elle, à mes liens avec mes proches.
Mais le livre n'est pas un huis-clos familial. La narratrice a une vie extérieure et elle nous parle des primo-accédants, mot qu'elle déteste, du portable omniprésent, de l'architecture petite-bourgeoise des banlieues, des gens qui s'immolent parce qu'ils n'en peuvent plus de misère, de la vie comme elle va ou non. Là encore, on reste proche de la narratrice, on vit la même vie, plus ou moins.
Quant au style, l'auteure a dû le vouloir abrupt et nerveux, l'essentiel étant l'analyse des sentiments, une analyse sincère et véridique, au sens où la vérité est le moteur et le but de l'analyse, et cette vérité permettra à la narratrice de vivre à son tour une maternité apaisée.
J'ai été un peu agacée par l'abondance des inversions du sujet. Mais c'est vraiment un détail.
Je recommande la lecture de ce roman, qui dérange, émeut, mais donne de la force. Bravo à Charlotte Pons.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}