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Critique de Luxi


"Avec des si et des peut-être", c'est aussi l'obsession de ma vie, une question qui me torture l'esprit probablement chaque jour. C'est épuisant, c'est inutile, mais impossible de ne pas imaginer un second moi, un troisième moi, qui auraient répondu différemment, tenté ceci au lieu de cela, pris ce chemin-ci et non ce chemin-là.
Je n'avais pour l'instant pas été convaincue par les romans abordant cette thématique géniale, mais Carène Ponte débarque avec une fraîcheur, une impertinence et un grain de folie extraordinaires qui m'ont immédiatement charmée.
Maxine – dite Max – est absolument hilarante. C'est une jeune femme emplie de dérision, la fille qu'on adorerait avoir comme copine pour les soirées délurées du samedi soir, les moments de doute et les gros coups de blues. Et pourtant… enfouie en elle, une blessure terrible qui cicatrise mal : la mort de sa grand-mère dans un accident de voiture. Les circonstances très particulières de cet accident rendent son deuil d'autant plus complexe à faire.
Et puis un soir, Maxine happe à la radio une émission dans laquelle un écrivain, Gilbert Musso – si si ! – expose le grand thème de son roman, "Avec des si et des peut-être", qui percute aussitôt l'héroïne. Ce qu'elle entend, c'est le grand tourment de sa vie. Et puis, sans que l'on ne sache vraiment comment ni pourquoi, lorsqu'elle se réveille le lendemain matin, son univers entier s'est métamorphosé. Elle est toujours Maxine, bien sûr, mais la Maxine qu'elle serait devenue si…
Adieu les élèves blasés, les rendez-vous amoureux bancals, Maxine se réveille dans le superbe appartement d'une journaliste et animatrice radio célèbre, cette carrière qu'elle a failli effleurer mais que le destin a dévié. C'est très étrange comme on s'imagine une vie parallèle-paradis dans laquelle tout serait plus beau, plus intense et plus vibrant, et effectivement au départ, après une adaptation difficile, Maxine se sent de plus en plus euphorique, confortable et épanouie dans cette seconde version d'elle-même. Mais la vie est bien faite, les choix que l'on accompli ont un sens profond et Maxine déchante vite…
Carène Ponte choisit d'utiliser cette thématique amusante au premier abord pour y évoquer des sujets bien plus sombres et délicats. Elle nous parle du deuil, des rencontres manquées, des amitiés perdues… et cette seconde vie-paradis bascule alors dans la tristesse, les regrets, et l'angoisse aussi. La nostalgie surtout. C'est très délicatement rendu, ce sentiment de perte immense des gens qu'on aime, de ces petits tracas du quotidien qui deviennent soudain charmants et dont les accrocs nous manquent. C'est au final un roman très tendre sur l'intelligence du Destin.
On pense d'abord à tout ce qu'on gagnerait en plongeant dans cette vie parallèle mais on oublie spécialement tout ce qu'on perdrait. Et ces réflexions auxquelles je n'avais jamais pensées m'ont vraiment percutée. le retournement final est quelque peu prévisible pour moi – et peut-être de trop – mais il ajoute une note douce et plus grave au roman, sans jamais sombrer dans le larmoyant. Quoi qu'elle écrive, Carène Ponte l'écrit avec légèreté, spontanéité et sincérité, et c'est ce qui fait sa vraie force.
Même si je préfère les plumes très lyriques, j'avoue que son écriture est délicieuse, bourrée d'humour et de remarques saugrenues qui vous font éclater de rire. Elle nous parle abattants WC, masque visage "à l'herbe pourrie" ou duel Flaubert/Stromae avec ses élèves et on rit, on rit… L'auteure s'amuse avec nous jusque dans les notes de fin de page ; c'est un petit "plus" que je n'avais jamais rencontré et j'ai trouvé ce petit côté espiègle très rafraîchissant.
Un grand merci aux éditions Michel Lafon et à NetGalley pour cette très jolie surprise et la découverte d'une romancière attachante que je vais suivre à coup sûr.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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