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Critique de Sallyrose



Mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour découvrir ce texte iconoclaste, terriblement humain et si bien écrit ?
Il a fait Hypokhâgne et il travaille dans une usine. Il vend sa force de travail car il faut bien manger. Parce que sa culture classique et populaire ne lui assure pas un emploi digne des sacrifices de sa mère pour qu'il fasse des études.
Son acuité et son esprit d'analyse rendent ce témoignage d'autant plus pertinent et incontestable. Bien sûr, l'auteur était un homme engagé. On pourrait l'accuser d'orienter son récit. Mais tout est factuel : les cadences de travail, la rationalisation des processus de production, l'exploitation des intérimaires, les petits arrangements avec le Code du travail, etc.
Charlie Chaplin et Les Temps modernes sont constamment en filigrane.
Le narrateur évoque aussi les plaintes du corps, les douleurs qui surgissent sans pause possible, souvent en rapport avec des outils mal adaptés, des machines qui dysfonctionnent et qu'il faut remplacer.
S'il ressort du récit l'entraide et la solidarité entre les camarades d'infortune, le narrateur ne cache pas l'anxiété intense qui le gagne lorsque son binôme n'est pas à la hauteur. La peur de perdre cet emploi, qui pourtant le perd lui-même, répond à un instinct de survie.
Les courts chapitres pourraient s'apparenter à des anecdotes mais chaque entrée s'inscrit dans un tout dont les contours définissent une forme d'esclavage moderne.
L'humour n'est pas absent de ce récit mais il prend souvent la voie du sarcasme ou du cynisme. On peut sans doute rire de tout mais la lassitude ne permet pas la légèreté.
Le style de vers en prose est très bien rendu par Jacques Bonnafé qui assure la lecture de l'édition audio. Sa voix bourrue semble faite pour épouser le ton de la narration et scande le texte à merveille.
Et comme le poète, ce qui sauve le narrateur, c'est l'amour qui l'unit à celle qui l'accompagne dans son coeur.


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