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Critique de Northanger


« Fonctionnaire peu motivée le jour, gastronome amateur le soir. Trop vieille pour le théâtre, trop jeune pour avoir des enfants et trop aigrie pour tout le reste, Julie Powell se cherchait un défi. Elle le trouva dans le projet Julie/Julia. Risquant sa vie de couple, son emploi et le bien-être de ses chats, elle a signé pour un contrat insensé. 365 jours. 524 recettes. Une fille dans une minable cuisine de banlieue. Jusqu'où ira-t-elle, nul ne peut le dire... »



Ainsi commence le blog de Julie Powell lorsqu'elle se lance le défi de réaliser en un an l'ensemble des recettes du livre de Julia Child, L'art de la cuisine française publié en 1961.

J'ai suivi avec intérêt les aventures culinaires de cette jeune new-yorkaise de trente ans qui a su tenir ce pari fou contre vents et marées, manque de temps, coupures d'électricité, difficultés pour se procurer les ingrédients... Julie alterne épisodes de sa vie, compte-rendu de recettes et extraits de son blog avec dynamisme et bonne humeur. Quelques lettres évoquant la vie de Julia Child dans les années 1960 ponctuent son récit.

Si j'ai apprécié le style tonique et enthousiaste, les chroniques culinaires parfois hilarantes, la forte personnalité de l'auteur, j'ai beaucoup moins accroché aux nombreuses digressions qui jalonnent le récit sans forcément l'enrichir (la gastro de son mari, la vie sentimentale de sa meilleure amie...). J'aurais préféré que l'auteur se concentre sur l'essentiel, c'est-à-dire la cuisine et son blog. J'avais donc un peu laissé tomber le livre avant de renouer avec lui à l'occasion du challenge Juste pour lire. Une immersion de trois heures m'a permis de me faire à l'univers de Julie et à sa manière de raconter. J'ai été charmée par le film avec Meryl Streep et Amy Adams, j'ai une fois de plus voulu prolonger le plaisir par la lecture du livre. S'il s'est avéré agréable, il ne va pas me laisser un souvenir impérissable et j'ai une nette préférence pour le film.

Bref, j'arrête de critiquer pour me concentrer sur ce qui m'a plu...

J'ai apprécié le décalage culturel ; ce qui nous paraît banal à nous autres frenchies se révèle pour les Américains le comble du raffinement ou au contraire, totalement écoeurant (Julie affirme qu'elle n'a jamais mangé d'oeufs ; les aspics n'ont apparemment pas bonne presse de l'autre côté de l'Atlantique). La difficulté qu'elle rencontre pour se procurer un os à moelle (expérience que je n'ai jamais faite d'ailleurs!) m'a beaucoup amusée. Je me suis rendu compte que la cuisine française paraissait fascinante et exotique à la fois. « La Sauce Diable est une variante enrichie de la Sauce ragoût, un roux classique qui vous donne l'impression d'être vertueux, équilibré et français. »

Les recettes sont mises en scène comme une petite histoire qui aurait pour personnages principaux les ingrédients, auxquels Julie Powell prête des intentions et des attitudes. J'ai aimé également la franchise de l'auteur, son sens de l'humour et son auto-dérision, lorsqu'elle n'hésite pas à nous faire le compte-rendu de ses catastrophes culinaires :

p. 235 « Je flanquai les tristes restes de mes biscuits dans le four. Quand je leur jetai un coup d'oeil douze minutes plus tard, ils étaient sans étonnement aucun, dans un état indescriptible. le sucre glace avait caramélisé tout autour comme une mare de goudron dans laquelle mes biscuits languissaient, tels des mastodontes échoués. »

Une telle franchise a de quoi réchauffer les coeurs de toutes les cuisinières éplorées comme moi devant un énième dessert raté... Ou encore : « La cuisine évoquait une scène de crime. le sol était jonché de coquilles d'oeufs qui craquaient sous les pas... Invisibles dans l'orifice obscur de la poubelle, et pourtant aussi évidents que des cadavres assassinés recouverts d'une bâche, gisaient les restes mutilés des oeufs. Si les traces de jaune strié de mauve qui maculaient les murs avaient été des éclaboussures de sang, un médecin légiste aurait connu une journée mémorable. »

J'ai retenu quelques recettes que j'ai l'intention de tester un de ces jours : gâteau de crêpes salées aux épinards et aux champignons, poulet rôti à la sauce diable et chou-fleur en verdure, charlotte au chocolat avec des biscuits à la cuillère maison. Pourquoi pas ?

A lire donc si on est gourmand et si on a du temps devant soi.


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