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Critique de Takalirsa


Parce qu'il est prévu que l'on emmène toutes les classes de 6e voir une exposition sur Buffalo Bill à la Fabrique des Savoirs de notre ville d'Elbeuf (le cow-boy y est venu présenter son spectacle en 1905), j'ai voulu auparavant me renseigner sur cette période de l'histoire américaine afin de resituer l'événement dans son contexte. J'ai puisé dans ce livre très approfondi les informations qui m'intéressaient et j'ai appris toutes sortes de détails sur la conquête de l'Ouest.

Celle-ci a démarré avec l'expédition de Lewis et Clark (1804-1806) voulue par le président Jefferson : ce sont les premiers à franchir cette frontière naturelle qu'est le Mississippi. Si Clark réussira à dessiner la carte précise de terres jusque là inconnues, Lewis reviendra si déstabilisé par cette mission qui fut tant préjudiciable aux Indiens qu'il se suicidera (« Il ne réussit pas à s'en remettre »). Outre les massacres que l'on connaît, les tribus seront décimées par les maladies véhiculées par les Blancs lors des échanges commerciaux que les nouvelles voies ont engendrés.
Au sud, c'est la guerre contre le Mexique qui se voit obligé de céder la moitié de son territoire, correspondant aux actuels Texas, Nouveau-Mexique et Californie (où les Américains viennent de découvrir les premiers gisements d'or, comme par hasard…).
La première moitié du 19e siècle est ainsi marquée par « la formidable expansion des États-Unis entre diplomatie et force, soutenue par une idéologie nationaliste sans vergogne »… C'est édifiant, je trouve !

J'ai également beaucoup aimé le chapitre sur l'installation des colons, entre espoir et désillusion (surtout le passage sur les femmes qui « ont subi directement les difficultés liées à la colonisation »). Il y a tout d'abord eu les fameux Mormons en Utah qui ont pu « développer leur religion sans être gênés ni inquiétés ». Au fil des années, les migrants (surtout européens) sont allés toujours plus loin vers l'ouest, cette « terre de liberté » concédée par le gouvernement. Mais le sol y est aride, les conditions climatiques rudes et les distances si éloignées ! On commence alors à développer les moyens de transport (le chemin de fer) et de communication (le télégraphe). Et c'est là que notre William Cody, futur Buffalo Bill, entre en scène ! Il a en effet « commencé sa vie aventureuse » comme apprenti convoyeur chargé du ravitaillement des troupes, puis comme cavalier pour le Pony Express, cette sorte de « poste privée qui peut acheminer le courrier dans des endroits isolés ». Mais le métier est dangereux, le service peu rentable et le système ne durera pas plus de dix-huit mois.

C'est en tant que cow-boy chasseur de bisons que Cody gagne son célèbre surnom : c'est le meilleur pour approvisionner en viande les ouvriers de la compagnie de chemin de fer (♪ Buffalo Bill n'a jamais raté sa cible ♫). Ensuite, il enchaîne les exploits. En 1869, il affronte le chef cheyenne Tall Bull dans une sorte de duel et le tue, ce qui le rend très populaire. En 1871, il se distingue en dirigeant avec efficacité une chasse organisée pour de riches hommes d'affaires. En 1872, c'est lui qui est en charge du spectacle en l'honneur du grand-duc Alexis, impressionné par l'attaque d'Indiens et le pistage des bisons. Ce sont les prémices du futur « Wild West Show » !

D'ailleurs, lorsqu'il arrive pour la première fois de sa vie à l'est du Mississippi, à Chicago, Cody découvre que des épisodes de son existence sont jouées sur de petites scènes ! Pendant les dix années qui suivent, il devient un acteur à succès, dans la ville puis en tournée. Il gagne bien sa vie, mais a « le mal des grands espaces de l'Ouest ». Il reprend du service comme éclaireur du 5e régiment, chargé de poursuivre les Indiens victorieux à Little Big Horn. Buffalo Bill abat le chef cheyenne Chevelure Jaune et devient définitivement un personnage « médiatique ».

C'est pour la ville de North Platte dans le Nebraska, où il s'est établi, qu'il met en scène sa première démonstration des activités de l'Ouest : rodéos, chasses simulées de bisons, exploits de cavaliers indiens. le succès est tel qu'il met ensuite au point le spectacle « Wild West Show » mettant en scène l'Ouest sauvage pour un public urbain. Il est organisé comme un gigantesque cirque avec d'authentiques participants : Indiens (notamment Sitting Bull), cow-boys… et diligence !

Ce spectacle, qui a triomphé (30 millions de spectateurs en 30 ans !) aux États-Unis comme en Europe (c'est sur les conseils de Mark Twain que Cody a traversé l'Atlantique), a clairement contribué à donner de la conquête de l'Ouest une image bien plus enthousiaste que la réalité, construisant de par le monde un véritable mythe avec ses codes et stéréotypes (repris dans le western). Je pense même qu'il est en grande partie responsable de l'idéologie voire de l'adulation américaine qui s'est développée chez nous…

Il y a évidemment bien d'autres thèmes développés dans ce livre, comme la ruée vers l'or, l'américanisation des Indiens ainsi que leurs démarches récentes pour reconquérir leurs droits (l'ouvrage se poursuit jusqu'à l'époque actuelle). Mais vous l'aurez compris, je me suis concentrée sur des épisodes précis, et je poursuis ma démarche avec la lecture de « Tristesse de la terre » consacré à la mise au point et au déroulement du « Wild West Show » !
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