J'ai lu le récit de cette affaire avec beaucoup de plaisir et à mon sens, il nous invite essentiellement à "regarder, regarder encore, regarder toujours, c'est ainsi seulement qu'on arrive à voir". Cette citation de Charcot a été mise en exergue par l'auteur.
Aussi, avant d'entamer la lecture j'ai regardé sur Internet ce tableau, dont je ne savais rien. Qu'est ce que voyais ?
Un couple dans une chambre, s'apprêtant à prêter serment. L'homme est figé dans une posture hiératique, son expression est hautaine, un brin méprisante, il ne tourne pas même la tête vers la femme à son côté, dont l'expression est à la fois soumise et d'une attention extrême. Va t-il enfin abaisser la main et la sauver ainsi de la panade où elle s'est probablement mise ?
Après avoir commencé l'enquête avec l'auteur, je revins au tableau, qu'est-ce que je voyais maintenant ?
La scène reste identique, les expressions sont inchangées, c'est le point de vue qui diffère : peut-être l'homme est-il figé par une épouvante sans nom, la femme soumise est inquiétante : elle attend un engagement et non une promesse, car "[...] riche de promesses, chacun peut l'être" (vers d'
Ovide qui figurèrent sur le cadre), or son intérêt dépasse les conventions terrestres.
Pour nous livrer l'hypothèse qui est la sienne,
Jean-Philippe Postel s'appuie sur les travaux d'historiens et de chercheurs, sa propre connaissance du tableau et son érudition : les références qu'il nous donne sont extrêmement nombreuses.
Le livre refermé, le lecteur a vécu une belle aventure, suivi un jeu de pistes fascinant, s'est intéressé à mille choses ou a été surpris par elles. Et la lectrice que je suis a désormais une envie : aller un jour à la National Gallery de Londres, contempler ce tableau énigmatique et toucher du regard le mystère de la Création, qui signe les oeuvres majeures.