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Critique de Andromeda06


"Une terre pas si sainte" a d'abord été publié en 2014, mais c'est la version revue et actualisée que j'ai entre les mains, celle parue le mois dernier. Polar géopolitique, son intrigue se déroule au coeur du conflit israélo-palestinien, où des flics de trois nationalités différentes sont contraints de collaborer pour mettre au jour des trafiquants de méthamphétamine.

Une famille israélienne a été sauvagement tuée. Preuves à l'appui, des Palestiniens sont arrêtés et accusés. Dany et Guy, deux flics israéliens, sont chargés en partie de l'enquête. Mais quand un trafic de drogue vient s'y incruster, et qu'il fait parler de lui jusqu'à Brest, l'enquête prend une envergure internationale. Léanne, flic bretonne, est dépêchée sur les lieux des premiers meurtres en Cisjordanie. Elle est accueillie par Guy et Dany, puis par Maïssa, flic palestinienne. Tous quatre vont devoir collaborer, bien que difficilement au vu des circonstances, pour mener à bien leur enquête et démanteler le trafic.

Rien n'est simple dans cette enquête. Selon votre nationalité, vous ne pouvez pas vous rendre où bon vous semble. Les rapports entre les uns et les autres sont tumultueux, et la communication entre flics israéliens et flics palestiniens n'est pas évidente. La situation géopolitique est tendue. Nos enquêteurs doivent composer avec les limites qui leur sont imposées. Mais l'auteur sait de quoi il parle, il nous le rend bien et sait nous transmettre cette atmosphère atypique. Et c'est ce qui fait toute l'originalité de ce polar.

Quand on y regarde de plus près, l'on se rend compte que l'intrigue policière est plutôt banale, sans trop de surprises. Mais ça, je ne m'en suis aperçu qu'une fois la lecture terminée. J'ai été tellement happée par l'ambiance et le contexte hostiles que je n'ai rien vu défiler. D'autant que la plume de l'auteur est pleine d'entrain, rythmée par des chapitres courts, des dialogues nombreux et des déplacements d'un lieu à un autre à n'en plus finir. Ça bouge pas mal, les pages se tournent vite, et on arrive au bout de notre lecture sans crier gare.

Les personnages sont nombreux. On passe sans cesse de l'un à l'autre, sans pour autant les apprivoiser totalement. Certains auraient mérité d'être davantage creusés mais étonnamment, c'est encore après lecture, à tête enfin reposée, que je m'en fais la remarque. Je n'ai donc pas été gênée sur le moment. Mon seul petit bémol vient de Léanne, personnage récurrent de la série "Les trois Brestoises" du même auteur : certains éléments de son vécu sont mentionnés, éléments hors propos et sans intérêt pour ceux qui, comme moi, ne la connaissaient pas déjà auparavant. Heureusement, ces éléments sont plutôt minimes et n'entachent pas l'intrigue, juste évoqués pour que je me demande ce qu'ils viennent faire là.

Les lieux sont également nombreux, chacun avec ses propres "règles". Il y a ceux qui accueillent les Israéliens et les Palestiniens, ceux où cela se passe relativement bien entre eux, ou pas du tout, ceux où les uns ou les autres sont interdits d'accès, etc. Ça bouge pas mal comme je vous disais, mais entre ces différents lieux et les nombreux protagonistes, il faut quand même suivre.

Ce n'est pas l'intrigue qui est retorse mais tout ce qui la fait vivre. Et j'ai aimé ce côté un peu compliqué, d'autant que l'auteur connaît très bien son sujet et qu'on sent son aisance à en parler, sans jamais prendre parti par ailleurs, alors que le conflit israélo-palestinien est loin d'être simple.

Au final, j'ai passé un très bon moment de lecture, que je n'ai pas vu passer. Et pour cela, j'en remercie Nicolas de Babelio et les éditions du Palémon pour m'avoir permis cette découverte dans le cadre de la Masse critique Mauvais genres. Je n'ai désormais plus qu'à attendre la réédition (pas trop lointaine j'espère) de "À l'ombre des patriarches" pour pouvoir retrouver prochainement Dany et Guy avec grand plaisir.
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