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Critique de LoupAlunettes


: " Mille nuits, plus une" nous emmènera dans des songes princiers comme seuls les histoires d'adultes peuvent en coudre.
Dans des soies fines et colorées, au milieu d'un palais sculptés d'animaux, avec un jardin et des fontaines, des arbres fruitiers tout autour.
Nous serons en Orient.
Nous serons à mi-chemin du conte de fée car comme le veut la tradition du conte de fée, il doit y avoir mariage princier.
L'auteur Victor Pouchet inversera la tendance et ça sera un prince qui se verra la main forcée pour prendre femme à ses 16 ans, parce que c'est un évènement populaire attendu par le peuple.
Toute la description du décor passera alors aussitôt pour une belle cage dorée car à quoi bon tout posséder si l'on est pas libre de ses mouvements et de ses décisions?
Là dessus, le prince Vivek battra son père le mahârâja à son propre jeu d'orgueil: désignant la fille du jardinier puisqu'il lui faut prendre femme.
Ainsi en jouant un mauvais tour à son père, le prince n'a t-il pas à son tour condamner Shakti à ne pas choisir elle-même à son tour son promis?
Une belle ironie.
C'est une belle fierté pour le père de Shakti, elle fera rêver toutes les jeunes roturières de son âge, le conte de fée.
La référence au récit de Shéhérazade et ses "Mille et une nuits" ne sera pas anodin.
On ne pourra pas faire plus cruel comme destin de jeunes vierges.
Pour faire court, le roi Shahriar, prédemment trompé par l'infidélité de sa femme, se remariera.
Afin de s'assurer qu'il sera le seul, il les tuera l'une après l'autre après la nuit de noces. Shéhérazade acceptera de l'épouser et fera durer le moment funeste en lui racontant 1001 histoires...

Pas sûr que Vivek et Shakti aillent jusque là, les deux étant piégés par la situation.
Mais Shakti ne se débattra pas, elle n'imaginait pas d'autres destins que celui de la fille du jardinier dans son univers, princesse est, comme on pourrait dire, une vraie promotion.

Ce qui est intéressant pour le lecteur, et on aurait pu s'y attendre avec l'inconscience( ou l'acte désespéré du prince), sa promise s'esr faite un ennemie en la personne du Mahârâja. Elle n'est que la fille du jardinier.
Lui prouvera t-elle le contraire, osera t-elle lui démontrer avec efronterie qu'elle est plus que cela mais qu'être la fille de son père, c'est déja beaucoup?

L'affaire des "contes des Mille et une nuit" est transposée avec originalité, nous sommes dans un univers indien de cobte de fée moderne et c'est sur internet que Shakti, qui se sent délaissée par son mari et verrouillée par la tradition royale, va se livrer et raconter ses journées de princesse.
Avec succès.
On peut se demander comment la jeune Shakti, qui au quotidien doit continuellement se tenir, pouvait s'imaginer s'épancher librement sur le net?

Si la couverture ne le laissait pas supposer, le récit sera très féministe en définitive et surtout axé sur Shakti prise dans son piège de cristal, étouffée par les volontés de son beau-père, traquée par les gardes pour qu'elle ne s'éloigne jamais des directives, tandis que le prince brimé arrive à fuguer sous couvert d'achats pourcson haras.
On comprendra rapidement que malgré l'autorité lourde qui pèse sur les deux, c'est surtout Shakti qui souffrira de la situation, invitée à se tenir, à ne rien dire sans y être autorisée, à ne pas sortir seule et dans un vêtement ou une coiffure jugés inappropriés.
On aura compris l'allusion à demi mots à une culture répressive sur la liberté féminine bien connue. On ne s'y attendrait pas. Et pourtant, ceci ne reste t-il pas jusre dans la veine creusée par l'histoire de Shéhérazade?
Cela fera réfléchir sur les richesses, sur ses rêves, sur le sens de la liberté, même sur un plan plus large avec l'individualité et l'autonomie d'un individu, plus précieux que des palais.
Un court roman vraiment intéressant sur ses références et sur sa manière d'amener sa réflexion sur un sujet sérieux, culturel et social avec tact.
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