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Critique de mh17


Mozart et Salieri fait partie des quatre "scènes dramatiques" ou "petites tragédies" que Pouchkine a écrites à l'automne 1830 confiné à Boldino à cause de l'épidémie de choléra qui ravagea l'Europe entière ( épidémie partie d'Asie centrale qui sera à Paris l'année suivante). Pouchkine s'empare sans vergogne d'une rumeur qui veut que Salieri ( mort cinq ans avant) ait empoisonné Mozart et en fait le sujet d'une mini-tragédie en deux scènes et en vers. La pièce sera mise en musique par Rimski-Korsakov à la fin du XIXème siècle. L'intrigue sera reprise par Peter Shaffer dans sa pièce Amadeus dont Milos Forman tirera le film du même nom.

La pièce débute par un long monologue dans lequel Salieri fait le procès de Dieu. Il n'y a pas de justice ! il a passé sa vie entière à fournir des efforts, il croit en la vertu du travail, il a même brûlé l'oeuvre composée sous l'effet d'une inspiration. Il a gravi tous les échelons pour parvenir au sommet. Au succès, à la gloire. jamais il n'a été jaloux. Non il a fait son miel de Gluck ou de Piccini. Mais à présent, quelle souffrance de voir le génie illuminer "la tête folle" de ce "libertin oisif", de ce Mozart. Et Mozart débarque en riant avec un vieux violoniste aveugle à qui il demande de jouer du Mozart. Et le vieux fait grincer un air de Don Juan. Mozart est mort de rire. Salieri dégoûté fiche le vieux dehors. Mozart apporte une partition à celui qu'il considère comme son ami. Il veut avoir son opinion. Il joue avec désinvolture sa nouvelle composition. Salieri est admiratif, lui dit qu'il est un Dieu. Mais sa "divinité est affamée". Salieri l'invite à dîner. Mozart s'en va pour prévenir sa famille. Et pendant ce temps là Salieri ratiocine encore et toujours sa rancune tenace. le destin l'a désigné, il va l'empoisonner...

J'ai beaucoup aimé ce texte. Je me rappelle très vaguement le film de Forman et tant mieux. Ce court texte est d'une richesse formidable. Outre l'opposition entre le génie et le laborieux, le thème du double Démon/Chérubin qui est très présent dans la deuxième scène, on peut en faire une lecture autobiographique et politique. Pouchkine ressemble bougrement à Mozart le fêtard et Salieri à tous ces petits messieurs qui voudraient l'enfermer dans un art sage et le contrôler.




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