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Critique de Henri-l-oiseleur


C'est une entreprise de longue haleine que de lire les Cantos de Pound, qui sont l'oeuvre de sa vie. Même si je n'attends pas le dernier vers du dernier Canto pour écrire cela, je m'autorise du choc profond que m'ont fait leurs lectures hasardeuses et non-suivies au long des années, grâce à T.S. Eliott son ami. Le génie absolu du poète, l'extrême intérêt littéraire de la préface d'Yves di Manno à l'édition française, permettent de dire aux amateurs de Babelio que cette poésie est l'une des plus importantes et l'une des plus belles du XX°s. La remarque n'aurait aucun intérêt s'il ne fallait ajouter que cette poésie doit se lire et s'étudier non comme je l'ai fait jusqu'à présent, en butinant, mais par une étude comparable à celle qu'exigent les Solitudes ou les Sonnets de Gongora : le lecteur français ou espagnol n'arrive à l'éblouissement des poèmes qu'au bout d'un parcours ardu, comme celui de l'alpiniste qui finit par arriver au sommet de la montagne. (Il consulte la version française, la vérifie dans le texte espagnol, en lit les paraphrases et les analyses, cherche dans l'édition Castalia augmentée les commentaires, reconstruit le texte original etc - et tombe foudroyé) ... de même, le lecteur français qui sait de l'anglais, s'il veut bien lire Pound, a besoin pour son entreprise de trois livres en même temps : celui-ci, la traduction française ; évidemment, le texte anglais, si possible dans cette belle édition américaine cartonnée, au beau papier, aux belles impressions ("The Cantos of Ezra Pound", New Directions, New York) : l'âpre anglais de Pound résonnera à ses oreilles que le français charme encore un peu trop ; enfin, grâce à Carroll F. Terrell, "A companion to the Cantos of Ezra Pound", ouvrage de 800 pages où absolument tout, allusions, références, textes étrangers, idéogrammes chinois, vers d'italien médiéval, noms propres, etc, toute la matière première est recensée et éclaircie poème après poème, et expliquée. Puis, il relira le poème. Cette littérature, comme tout ce qui a de la vraie valeur, ne se livre pas d'emblée au coin de la rue : elle doit rendre modeste, studieux, obstiné, car ce qui attend le bon lecteur dépassera toutes ses espérances.
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