Tu apprendras plus tard à n'être pas difficile. Manger ce qu'on trouve, s'arranger de ce qui tombe. Et la première des choses à savoir, c'est qu'on na droit à rien.
Elles n'ont rien de trop gai, les forêts qui s'en vont sur ces plateaux, du côté de la Chaise-Dieu. Des sapins, des sapins, des sapins, jamais une âme. Les chemins sablonneux s'enfoncent de salle obscure en salle obscure, parmi la mousse et la fougère, sous ces grandes rames balançantes. Les grappes du sureau rouge tirent l'œil, ou bien quelque pied de digitale pourprée. Il y a des endroits où le soleil semble n'avoir point percé depuis des mondes d'années : c'est sombre, c'est noir, c'est la mort. Une forêt comme celle de la complainte de sainte Geneviève de Brabant, où des ermites peuvent vivre solitaires et qu'on imagine pleine de loups, de renards, de blaireaux. A dix pas, sait-on ce qui se ce cache derrière ces fûts gercés des arbres où la résine met des traînées de suif ? Tout remue, mais remue à peine. Tout est silence, mais un silence traversé de vingt bruits menus. Une belette qui se sauve, un souffle de vent dans la feuille des houx, une fontaine qui s'égoutte derrière la roche. Et lorsque le sentier monte en tournant sous le couvert, à travers les masses de pierres détachées, dans le désordre des sapins penchés sur leurs nœuds de racines, on croirait aller vers des cavernes de faux monnayeurs et de brigands. Pas une âme, et pourtant il semble que quelqu'un soit tapi par là en embuscade. Il faut avoir l'esprit bien fort pour ne pas se laisser gagner par la peur
Les cloches sonnaient toujours à branle, et toujours ce vent dans le noir, toujours la tourmente.
Le château des sept portes
Troisième veillée
Quatrième pause
L'espace vous vient dessus, d'un coup, dans le large de l'aube...
Au milieu des bois, le chemin tombait dans une clairière où des roches grises saillaient, pareilles à des dos de vaches couchées là à ruminer cette pauvre herbe. (...)
Et toujours, comme le bruit au cœur des bois d'un torrent décalant, le vent sifflait, là-bas, sous le ciel de frimas, dans la branche des sapins.
Ce fut en cette maison des sept portes qu'advint vers Pâques, l'aventure terrible d'où s'ensuivirent tant de malheurs.
Le château des sept portes
Première veillée
Première pause
Une joie la soulevait, celle de ces réveils d'enfance où tinte une cloche un peu loin, lorsque le rideau blanc éclate de soleil.
Le château des sept portes
Deuxième veillée
Cinquième pause
Travailler c'est laisser couler ses peines.
Deux vieilles filles qui tenaient ménage avec un frère juge de paix à Saint-Germain-Lembron, vrais fagots de laideur, de dévotion et d'avarice".
...Ils touchaient aux premières maisons du bourg quand d'un bois sur la gauche, ils entendirent une espèce de rire perçant, moitié rire, moitié hennissement, comme de quelque démon changé en un énorme écureuil.
Le château des sept portes
Troisième veillée
Première pause
Il fait du vent sur une route et ce soir la lune est au ciel,
Toute d'argent resplendissant, comme un soir au pays d'Albert... (...)
La vieille Marie contait et contait,
Assise dos rond près de sa fenêtre.
Les crimes des bois et ceux des domaines,
Et toutes les peurs, et tous les secrets.
Prologue